Parfois accusé de mal rémunérer les artistes dont il héberge les chansons, le géant mondial du streaming musical Spotify dit avoir versé 10 milliards de dollars de royalties en 2024. Selon la plateforme, au moins 1 500 artistes ont perçu plus d’un million de dollars. C’est dix fois plus que l’année précédente.
Spotify veut montrer patte blanche. Alors qu’il est critiqué de ne pas assez bien rémunérer les artistes dont il héberge les titres, le géant mondial du streaming musical annonce qu’il a versé 10 milliards de dollars de royalties en 2024 (9,2 milliards d’euros). Un record. Fort de ce montant, le groupe se targue dans un communiqué publié le mercredi 12 mars de rémunérer les créateurs de musique « plus que n’importe quelle autre plateforme » de streaming musical.
Spotify augmente les versements aux éditeurs musicaux
Selon Spotify, au moins 1 500 artistes ont perçu plus d’un million de dollars (920 000 euros) l’année dernière, dont 80 % n’étaient même pas dans le Top 50. C’est dix fois plus qu’en 2023. Aussi, le nombre d’artistes générant entre 1 000 et 10 millions de dollars par an a triplé depuis 2017. Par ailleurs, ajoute l’entreprise suédoise, les versements aux éditeurs musicaux ont atteint de nouveaux sommets. Ils dépassent les 4,5 milliards de dollars payés aux auteurs-compositeurs et aux ayants droit d’édition au cours des deux dernières années, grâce à une croissance à deux chiffres entre 2023 et 2024.
Spotify ne paie pas directement les artistes
Anticipant sans doute les critiques, un porte-parole de Spotify a expliqué à BBC News que la plateforme « ne rémunère pas directement les artistes ni les auteurs-compositeurs » mais « les ayants droit ». Il s’agit généralement des maisons de disques, des éditeurs de musique et des sociétés de gestion collective. Ce sont ces ayants droit qui rémunèrent ensuite les artistes et les auteurs-compositeurs en fonction de leurs accords individuels.
Un mouvement de contestation des artistes depuis l’année dernière
La publication de Spotify intervient à un moment de contestation des artistes. En février, certains musiciens ont boycotté une soirée organisée par Spotify lors de la cérémonie des Grammy Awards. Jessie Jo Dillon, Jessi Alexander, Amy Allen et Raye notamment ont refusé de s’y produire ou de s’y rendre. S’il est question de dénoncer les pratiques de rémunération de la plateforme, plusieurs d’entre eux digèrent aussi mal le cadeau de 150 000 dollars (138 000 euros) fait à Donald Trump pour son investiture, qui s’est tenue le 19 janvier dernier.
Les artistes cumulant moins de 1 000 écoutes ne sont plus payés depuis 2024
Aux États-Unis, la National Music Publishers Association (NMPA) a critiqué l’année dernière la décision de Spotify ne plus payer les artistes cumulant moins de 1 000 écoutes. Elle a également accusé le groupe de publier des vidéos, podcasts et paroles sans en avoir la licence. Face à cette politique illégale, l’association a demandé à Spotify de payer les œuvres musicales hébergées sans licence ou de supprimer la totalité des contenus concernés. L’entreprise avait répondu que les accusations étaient complètement fausses.
Combien reçoivent les artistes africains de Spotify ?
Spotify n’a fourni aucune information sur les droits d’auteurs versés aux musiciens africains en particulier. Toutefois le géant du streaming musical aurait distribué 82,7 millions de dollars au titre des droits d’auteurs en 2022, selon la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs (CISAC). Ces revenus sont pour l’essentiel captés par des artistes nigérians et sud-africains, qui dominent l’industrie musicale du continent depuis quelques années.