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Sexualité et mœurs : le Burkina Faso criminalise l’homosexualité

Le Burkina Faso a adopté lundi une nouvelle loi pénalisant l’homosexualité. Désormais, les auteurs de cette pratique encourent entre deux et cinq ans de prison et des amendes non encore spécifiées. Pour les ONG de défense des personnes LGBTQ+, c’est un recul inquiétant des droits humains dans ce pays d’Afrique de l’ouest dirigé par une junte depuis septembre 2022.

Au Burkina Faso, une nouvelle loi adoptée le lundi 1er septembre 2025 criminalise l’homosexualité. Dorénavant, toute personne qui se rend coupable de cette pratique encourt une peine de prison de deux à cinq ans et une amende non encore précisée, a annoncé le ministre de la Justice Edasso Rodrigue Bayala dans une interview diffusée sur la télévision nationale du Burkina (RTB). « En cas de récidive, si l’auteur n’est pas de nationalité burkinabè, il sera expulsé du pays », a ajouté le Garde des Sceaux.

Le Burkina Faso ne veut plus des « valeurs » de l’Occident

Le projet de loi a été adopté à l’unanimité par les 71 membres non élus de l’Assemblée législative de transition (ALT), qui fait office de Parlement depuis la prise de pouvoir par les militaires, en septembre 2022. Il doit encore être promulgué par le chef de la junte Ibrahim Traoré avant d’entrer en vigueur. Mais tout semble joué d’avance. Le capitaine de 37 ans mène une politique souverainiste hostile aux « valeurs » de l’Occident, dont il critique la « décadence morale », qui serait visible notamment à travers l’homosexualité. Il partage la même opinion que Vladimir Poutine sur cette question. Son pays s’est d’ailleurs beaucoup rapproché de la Russie, depuis qu’il a chassé les forces françaises et rompu les liens avec Paris.

Le Burkina Faso s’ajoute à la longue liste des pays africains opposés à l’homosexualité

Avant ce lundi, aucune loi au Burkina Faso ne visait particulièrement les personnes homosexuelles, qui vivaient toutefois discrètement pour éviter tout problème. En adoptant la loi contre l’homosexualité, le pays des hommes intègres rejoint le Mali, son allié au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), qui comprend aussi le Niger. Bamako avait adopté un texte similaire en novembre 2024. D’autres pays de la région comme le Ghana et le Nigeria ont également durcit leurs lois contre cette orientation sexuelle. En Afrique de l’ouest, seule la Côte d’Ivoire tolère cette pratique. Malgré quelques faits regrettables, cet État demeure un asile sûr pour les personnes LGBTQ+. D’où le surnom que lui donnent ses voisins : « Woubiland » (« pays des homosexuels »).

Les homosexuels souvent battus en public en Afrique

Les relations homosexuelles ne sont pas interdites qu’en Afrique. Un tiers des pays du monde condamnent ces rapports dits contre-nature et souvent passibles de la peine de mort. Mais sur le continent africain, où les croyances traditionnelles et religieuses sont encore très ancrées, les homosexuels ont plus de mal à se faire accepter. Une trentaine d’État sur cinquante-quatre pénalisent leurs relations. Ils y sont fréquemment humiliés en public et contraints à cacher leur orientation sexuelle ou à s’exiler. Comme c’est le cas en Ouganda, au Cameroun, en Tanzanie, en Zambie, en Sierra Leone et en Gambie.

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