À Dakar, la capitale du Sénégal, une centaine de personnes se sont réunis vendredi pour crier leur ras-le-bol contre la flambée du prix de l’électricité. Conduits par le collectif citoyen Noo Lank, les protestataires menacent de généraliser la grogne au reste du pays si rien n’est fait rapidement.
Au Sénégal, une centaine de personnes sont descendues dans les rues de Dakar le vendredi 17 octobre pour dénoncer la flambée du prix de l’électricité, à l’appel du collectif citoyen Noo Lank (« Nous refusons » en Wolof), avec le soutien de l’APR, le parti de l’ex-président Macky Sall. Ces Sénégalais dénoncent en particulier le manque de transparence du système de tarification des compteurs prépayés de la société nationale de distribution d’électricité, Sénélec. Ce système de compteur prépayé, appelé Woyofal, est utilisé par 72 % des 2,3 millions des clients.
Le collectif citoyen Noo Lank sur le terrain depuis 2019
Fondé en 2019, le collectif Noo Lank protestait déjà à il y a six ans contre la cherté du prix de l’électricité au Sénégal. Il a lancé le nouveau mouvement de grogne le mercredi 7 octobre. Deux jours plus tard, le vendredi 9 octobre, le groupe a rencontré le ministre de l’Énergie, du pétrole et des mines, Birame Souleye Diop pour décanter la situation. Mais rien n’a été fait apparemment puisqu’une nouvelle action a été organisée le vendredi dernier, toujours à Dakar.
Au Sénégal, la consommation d’électricité s’épuise plus rapidement
Dans le cortège, un père de famille se plaignait d’avoir acheté pour 5 000 Francs CFA, mais d’avoir reçu 30 kilowattheures (kWh), au lieu de 53 habituellement. La consommation électrique finit donc plus rapidement qu’auparavant. Certains foyers sont obligés de vivre sans électricité faute d’argent pour recharger le compteur prépayé. Outre les particuliers, les petites et moyennes entreprises subissent la cherté des prix de l’énergie. Le secrétaire général du collectif Noo lank, Seydina Mouhamed Diallo, dit avoir reçu des centaines de plaintes des représentants de ces PME, évoquant leurs difficultés à payer les factures.
La hausse des prix de l’électricité rejailli sur les prix des produits de première nécessité
Faute de pouvoir payer leurs factures, certains commerces sont à l’arrêt plusieurs heures par jour. D’autres choisissent de se réabonner, mais cela n’est pas sans conséquences pour le consommateur. En effet les PME qui n’ont de de subventions sont contraintes d’augmenter le prix des biens de première nécessité pour faire des bénéfices. Cette hausse aggrave davantage la précarité économique des ménages sénégalais. Pour bouger les autorités, des citoyens ont lancé une pétition sur les réseaux sociaux, à l’initiative du collectif citoyen Noo Lank.
Des hausses de prix incompréhensibles alors que le Sénégal exploite désormais son pétrole
En plus de la cherté de l’électricité, les manifestants dénoncent l’écart de prix avec les pays voisins, alors qu’il n’y a pas de raison qu’il en soit ainsi. Au Sénégal, le kWh coûte en moyenne 127 Francs CFA, contre 87 en Côte d’Ivoire où le pouvoir d’achat est plus élevé pourtant. Les Sénégalais ne comprennent pas cette différence d’autant que leur pays s’est lancé dans l’exploitation de ses hydrocarbures (gaz et pétrole) en juin 2024.
Le Sénégal a même déjà livré ses premiers barils de brut de pétrole, issu du champs de Sangomar, à 100 kilomètres au large de Dakar. Un fait qui provoque des suspicions sur la gouvernance de la paire Ousmane Sonko-Diomaye Faye. Certains militants de la première heure se disent déçus, après plus d’un an de pouvoir. Élus en avril 2024 sur la base d’un projet de société de rupture, les camarades panafricanistes n’auraient pas tenu leurs promesses.
Une enquête indépendante sur les systèmes de comptage et de facturation de l’électricité
Le collectif Noo Lank exige une révision des tarifs de la Sénélec et une refonte plus large de la politique énergétique du Sénégal. Sans quoi, il menace d’étendre le mouvement de contestation à tout le pays. Sollicitée par l’AFP, la commission de régulation du secteur de l’énergie assure qu’il n’y a eu aucune hausse des tarifs de l’électricité depuis décembre 2023. Elle affirme également que la lutte contre la vie chère et la protection du pouvoir d’achat restent une priorité pour le gouvernement d’Ousmane Sonko. Toutefois, face aux nombreuses réclamations, le régulateur promet d’ouvrir une enquête indépendante sur les systèmes de comptage et de facturation de la Sénélec.





