Selon un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale de batteries devrait être multipliée par 7 d’ici 2035. L’Afrique, un continent riche en métaux critiques, pourrait profiter de cette forte demande. A condition qu’elle relève certains défis, dont la formation de compétences, l’amélioration du climat des affaires et la mise en place d’un cadre réglementaire approprié.
Depuis quelques années, le monde, en particulier l’Occident, s’est engagé dans une transition énergétique qui devrait permettre d’enrayer le réchauffement climatique. Cette course à une société plus durable s’accompagne (paradoxalement) d’une augmentation des besoins en métaux stratégiques. Notamment dans le domaine de la mobilité où ces matières sont essentielles pour la fabrication des batteries pour véhicules électriques.
En 2023, la demande de batteries a progressé de 40% par rapport à 2022
Selon de nouvelles prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale de batteries devrait être multipliée par 4 d’ici 2030 et par 7 d’ici 2035, dans un scénario de statut quo des politiques actuelles. En 2023 déjà, la demande mondiale avait progressé de plus de 40 % par rapport à 2022, atteignant 850 GWh. Cette hausse s’appuyait principalement sur les ventes de véhicules électriques (VE) qui représentent près de 90 % de la demande totale.
Les véhicules électriques, futurs seuls automobiles à rouler dans les prochaines décennies
En Europe, les gouvernements font largement la promotion des voitures électriques, qui devraient être les seules à rouler d’ici une décennie. Cette décision contraint les automobilistes à abandonner les véhicules thermiques pour adopter les électriques. Dans les pays d’Europe du nord comme la Norvège, les nouvelles immatriculations concernent quasi essentiellement les VE. Sur cette question, les autres continents sont encore en retard, en particulier l’Afrique.
Vers une forte hausse de la demande de batteries
Mais le monde se met progressivement à l’électrique. Ce qui a pour effet de booster la demande en batterie et en matières critiques. D’après le rapport de l’AIE intitulé « EV Battery Supply Chain Sustainability », cette dynamique devrait se poursuivre. L’Afrique, en tant que continent aux immenses richesses minières, aura tout intérêt à en profiter. Elle est riche en lithium, cobalt et graphite notamment, des composants essentielles pour les batteries.
Une baisse des prix des métaux ces dernières années
Toutefois, le continent doit composer avec un problème de taille : la baisse des prix sur le marché. Le prix du cobalt a baissé de moitié en deux ans, dans un contexte d’offre excédentaire. Celui du lithium a chuté de près de 90 % depuis fin 2022. Quant au prix du graphite, il a reculé de 33% en 2023. Selon les analystes, ces prix devraient encore baisser ou au mieux de maintenir en raison des stocks disponibles.
L’Afrique doit songer au recyclage des batteries
Pour l’Afrique, le principal défi sera de se tenir prêt pour exploiter un futur rebond et ne pas se faire encore doubler par des pays opportunistes. En particulier la Chine, qui a inondé le marché de ses métaux lourds lors du dernier épisode de hausse. Pour saisir l’occasion, le continent doit relever plusieurs défis. Il gagnerait notamment à mettre en place un cadre réglementaire approprié, à construire des infrastructures nécessaires au secteur minier, à améliorer le climat des affaires et à former des compétences. Au-delà l’Afrique devrait songer à des activités à grande valeur ajoutée comme le raffinage des métaux, pour mieux les vendre. Il serait également judicieux pour elle de construire des usines de recyclage de batterie car la demande sera forte dans les prochaines années.