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Afrique du Sud : vers l’expropriation des terres à la minorité blanche ?

Fin janvier, le président Sud Africain Cyril Ramaphosa a signé une loi autorisant l’expropriation des terres de la minorité blanche, qui possède plus de 70% du foncier privé. Selon lui, il s’agit de promouvoir l’inclusivité et l’accès aux ressources naturelles. Mais cette réforme divise le gouvernement d’union nationale et ne plait pas à Donald Trump, sans doute influencé par Elon Musk.

L’Afrique du Sud suit-elle le chemin emprunté par le Zimbabwe dans les années 2000 ? Le 23 janvier dernier, le président Cyril Ramaphosa a signé une loi autorisant la saisie de terres, parfois sans compensation, à la minorité blanche. Il a expliqué qu’il s’agit de promouvoir l’inclusivité et l’accès aux ressources naturelles, alors que la population blanche contrôle plus de 70% du foncier privé.

Près de quatre siècles d’expropriation des terres aux Noirs

Cette mainmise de la minorité blanche sur la grande partie des terres privées en Afrique du Sud est le résultat de trois siècles de colonisation et plus de quarante ans d’Apartheid. Ce régime ségrégationniste et raciste a pris fin en 1994 et a laissé le pouvoir au Congrès national africain (ANC), qui ne l’a plus jamais quitté à ce jour.

Cyril Ramaphosa veut réparer une injustice

Le parti de Nelson Mandela a tenté d’actualiser la législation adoptée par le régime d’Apartheid en 1975 afin de la mettre en conformité avec la nouvelle Constitution de 1996. Mais en 2017, la communauté blanche possédait encore 72 % des terres agricoles privées en Afrique du Sud. La nouvelle loi signée par Cyril Ramaphosa vise à corriger cette situation.

Elon Musk dénonce une loi raciste

Cependant, cette législation en faveur de la population noire ne plait pas aux membres de la communauté blanche. Parmi ceux-ci se trouve Elon Musk, Sud Africain d’origine aujourd’hui devenu Américain à force de business. Le patron de Tesla, X et SpaceX fustige un texte raciste. C’est sans doute lui qui a incité Donald Trump, son nouvel ami, à se mêler de cette histoire alors qu’il s’est toujours désintéressé à l’Afrique.

Donald Trump suspend tout financement à l’Afrique du Sud

Sur son réseau Truth Social, le président américain a exprimé sa désapprobation. Il accuse l’Afrique du Sud de « confisquer des terres » et de « traiter très mal certaines catégories de personnes ». Toujours prompt à sanctionner, le dirigeant républicain a mis fin, le temps d’une enquête, à tout financement des États-Unis au pays. Il a notamment suspendu le programme américain Pepfar de lutte contre le VIH/Sida.

Cyril Ramaphosa nie toute expropriation des terres

Ce lundi 3 février, Cyril Ramaphosa a spécifié à Donald Trump qu’il n’existait aucune autre aide américaine à son pays, à part le programme Pepfar, dont le gel commence à faire des victimes. Il a également assuré que « le gouvernement sud-africain n’a confisqué aucune terre ». Le président soutient en outre que le texte ne permet pas d’effectuer des expropriations de manière arbitraire.

L’Afrique du Sud n’est pas « une province des États-Unis »

Cyril Ramaphosa relève que les autorités doivent d’abord tenter d’aboutir à un accord avec le propriétaire. C’est seulement ensuite que la Terre est requise pour l’intérêt public. D’ailleurs, précise-t-il, cette expropriation ne concerne que les terrains inutilisés ou laissés à l’abandon. Son ministre de l’Energie et des Ressources minérales, Gwede Mantashe, a lui été moins diplomatique. Il a demandé à Trump de traiter les Sud Africains « avec respect » et de bien comprendre que son pays est « un Etat souverain, pas une province des Etats-Unis ».

L’expropriation des terres dénoncée au sein du gouvernement d’union nationale

Mais il n’y a pas que l’administration américaine qui s’inquiète des conséquences de cette expropriation. En Afrique du Sud, le gouvernement d’union nationale, mis en place en 2024, redoute également des répercussions désastreuses. Certains de ses membres pensent que cette loi porte en elle les germes de l’exclusion, celle qu’a subie la population noire sous l’Apartheid et la colonisation. Ils souhaiteraient une mesure plus juste, avec si possible une compensation.

Se souvenir de la mauvaise expérience du Zimbabwe

D’autres opposants mettent en garde contre une situation similaire à celle qu’a connue le Zimbabwe voisin après son indépendance. Au début des années 2000, le pouvoir de Robert Mugabe avait expulsé près de 4.500 grands propriétaires blancs pour remettre leurs terres aux fermiers noirs. Une mauvaise idée puisque le pays avait connu une grave crise économique, les propriétaires noirs n’ayant pas les compétences ni les moyens pour tenir des fermes.

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