La France a célèbre ce vendredi 10 mai sa Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. Pour marquer l’occasion, le Premier ministre Gabriel Attal a participé à une cérémonie à la Rochelle, point de départ du commerce triangulaire en Hexagone.
Le Premier ministre Gabriel Attal a présidé, ce vendredi 10 mai, la 19e cérémonie de commémoration de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, à la Rochelle, point de départ du commerce triangulaire en France en 1594. C’est la première fois que cette commémoration a lieu hors du Jardin du Luxembourg, à Paris.
Gabriel Attal veut lever le voile sur le passé esclavagiste de la France
Dans son allocution d’une vingtaine de minutes, Gabriel Attal a déclaré qu’« être citoyen, c’est reconnaitre son histoire en son entier, sans occulter aucune page. (…) ». Ce serait aussi « de la regarder en face », sans se défausser. Le chef du gouvernement s’est offusqué qu’un voile ait été jeté sur ce passé trop longtemps. Il pense que le moment est venu de lever ce drap sombre pour tout reconnaître. Et pour lui « ce n’est pas s’affaiblir, au contraire, c’est grandir ».
Pour ne plus jamais que cette histoire soit oubliée expressément, l’ancien ministre de l’Education nationale promet de renforcer les programmes scolaires et de continuer à renforcer la formation des professeurs. Il juge indispensable de construire une mémoire collective pour ne plus que « les frontières de l’humanité [soient] atteintes et dépassées ».
Gabriel Attal salue les résistants à l’esclavage
Ces frontières ont d’ailleurs été érigées dans une France des Lumières qu’on croyait évoluée. C’est à cette période qu’a prospéré le Code noir, cette ignoble ordonnance de Louis XIV. Gabriel Attal a également loué la bravoure de tous ceux ont résisté à cette barbarie. « Aussi longtemps qu’il y eut de l’esclavage, il y eut de la résistance (…) et en ce 10 mai, c’est aussi cet esprit de résistance que je veux saluer », a-t-il déclaré.
Ce vendredi, le chef du gouvernement français a aussi pris part à l’inauguration de « Clarisse », une statue en bronze commandée au sculpteur haïtien Filipo par le maire Jean-François Fountaine. Elle représente une esclave, qui a effectivement existé au XVIIIe siècle. Née à Saint-Domingue (désormais Haïti), cette femme fut emmenée par ses maîtres à La Rochelle pour servir de nourrice.
Une grande exposition nationale sur la mémoire de l’esclavage en 2026
En 1793, Clarisse obtint finalement sa liberté après en avoir fait la demande auprès du Conseil général de la commune. Cette décision en faveur de son affranchissement a été possible grâce à l’abolition de l’esclavage dans la colonie française de Saint-Domingue la même année. Gabriel a en outre promis l’organisation d’une grande exposition nationale sur la mémoire de l’esclavage en 2026.
Cette date correspond au vingtième anniversaire de l’adoption de la loi Taubira, reconnaissant l’esclavage et la traite comme des crimes contre l’humanité. La France est le premier État et demeure le seul à ce jour à avoir inscrit dans la loi une telle reconnaissance. Enfin, le Premier ministre a en outre annoncé la création prochaine d’un label spécifique pour les lieux de mémoire de l’esclavage.