Il y a quelques jours, la BEAC a prélevé près de 50 milliards de FCFA auprès des banques privées dans le cadre d’une émission de bonds pour lutter contre l’inflation dans la zone CEMAC. Elle a déjà réalisé plusieurs opérations de ce type sans parvenir à atteindre le montant visé.
Pendant la période du Covid-19, la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC) a dû injecter environ 500 milliards de FCFA dans les banques privées de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) afin de faire face aux difficultés économiques. Aujourd’hui, ces établissements bancaires disposent de beaucoup trop de liquidités. Et surtout, ils préfèrent stocker ce surplus au Trésor, qui propose des obligations au long cours. L’objectif est d’éviter les risques externes, tels que les crises politiques et la détérioration du climat des affaires.
La BEAC n’a pas atteint ses objectifs précédents
Redoutant les conséquences néfastes d’une telle situation, la BEAC a émis des bonds pour récupérer l’argent investi pendant la crise sanitaire. Début mai, elle a réussi à prélever 47 milliards de Francs CFA auprès des banques privées. L’institution financière visait les 50 milliards de Francs CFA. Mais c’est déjà mieux que lors des précédentes opérations. En effet, la BEAC a émis plusieurs obligations depuis le début de l’année 2024. En janvier, elle a pu reprendre aux banques commerciales seulement 9 milliards liquidités sur les 25 espérés, avant de revenir les mains bredouilles en février.
Une opération plus fructueuse en avril
La BEAC a eu plus de succès lors de ses deux opérations de mars avec respectivement 2,5 et 12,5 milliards de FCFA prélevés sur les 50 milliards attendus. En avril, cependant, la banque centrale a touché un montant au-delà de ses espérances. En effet, l’émission de bonds a permis de reprendre 78 milliards FCFA, soit 28 milliards FCFA de plus que l’objectif fixé. Ce résultat est à mettre au compte de l’assouplissement des conditionnalités attachées aux obligations émises.
La BEAC a revu ses conditionnalités pour convaincre les banques
La BEAC a principalement revu ses critères d’éligibilité au refinancement et de sollicitation de facilités durant la période de maturité pour les banques adjudicataires. Cet assouplissement des conditionnalités a permis de rendre plus flexible la reprise des liquidités et de répondre aux besoins des établissements de crédit. Le tout, en restant en phase avec l’objectif de la banque centrale de réduire l’excédent de liquidité bancaire
Des émissions de bonds pour lutter contre l’inflation d’origine monétaire
Adopté en 2023, la ponction mensuelle des liquidités par la BEAC prévoit l’émission de bonds d’une maturité de 14 à 28 jours rémunérés respectivement à un taux de 2,5 et 3,5%. Cet instrument vient compléter les dispositifs déjà mis en place par l’institution. Il s’agit notamment de l’ajustement des taux directeurs et de la suspension des opérations d’injection de liquidités. Dans les prochains mois, la banque centrale souhaite supprimer totalement l’excédent bancaire pour enrayer l’inflation d’origine monétaire en zone CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad).
La BEAC doit récupérer 500 milliards de FCFA à terme
D’abord plafonnées à 50 milliards de FCFA, les opérations de reprise de liquidités de la BEAC ont été revues à la hausse pour s’aligner sur l’évolution du taux d’inflation (20%) dans la sous-région. La somme que la Banque centrale veut retirer du circuit bancaire est à présent près de cinq fois supérieure à l’enveloppe initiale. En effet, elle s’élève à 500 milliards de FCFA, contre 150 auparavant. C’est l’une des plus importantes tentatives de récupération de la liquidité bancaire initiées depuis plusieurs mois.