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Nigeria : Bola Tinubu ne parvient pas à calmer les manifestants

Au Nigeria, le président Ahmed Bola Tinubu a appelé dimanche les manifestants contre la vie chère à suspendre leurs actions et à créer un espace de dialogue. Il a également annoncé l’annulation de certaines mesures contestées. Mais tous ses efforts de semblent pas calmer la population, et cela alors même que la police multiplie les arrestations.

Ahmed Bola Tinubu ne sait plus sur quel pied danser. Dimanche, au quatrième jour des manifestations contre la vie chère, le président nigérien élu en 2023 a demandé aux protestataires de suspendre toute nouvelle action et de « créer un espace de dialogue ». Il dit les avoir entendus, mais les supplie de « mettre fin aux effusions de sang ».

Bola Tinubu regrette de sursoir à ses mesures contestées

Ahmed Bola Tinubu a dit en outre avoir « pris la décision douloureuse mais nécessaire de supprimer les subventions sur le carburant et d’abolir le système de change multiple, ce qui a entraîné des difficultés économiques » pour son pays. Il regrette de rétropédaler car ces mesures seraient nécessaires pour permettre au Nigeria « de mettre fin à la mauvaise gestion économique qui a duré plus d’une décennie ». Cette déclaration rappelle celle de William Ruto au Kenya.

Pour les manifestants, le discours de Bola Tinubu n’a pas répondu aux préoccupations 

Ce geste de bonne volonté du chef de l’Etat nigérian ne satisfait pas les manifestants. L’activiste et avocat Deji Adeyenju estime que « le discours n’a pas répondu aux préoccupations des manifestants » et à leurs « revendications ». Le président n’a pas, dit-il, « abordé les questions liées à la manière de lutter contre la faim dans le pays ». Selon le militant, il n’y a rien à retenir de son discours à part que Tinubu « est prêt à dialoguer ».

Dix-neuf personnes seraient déjà mortes

Même son de cloche du côté de l’opposition. L’ancien candidat à la présidentielle de 2023 du parti ADC Dumebi Kachikwu, dit qu’il n’a vu qu’un discours de campagne, préparé à l’avance. Il s’offusque d’un mépris total de Tinubu d’autant que dix-neuf citoyens sont morts depuis jeudi. Pourtant, comme ces victimes, les Nigérians ne demandent qu’à mettre fin à la vie chère et à la mauvaise gouvernance. Depuis le 1er août, ils sont dans les rues, mais aussi sur les réseaux sociaux pour se faire entendre.

La police cible les personnes arborant des drapeaux russes

Mais Bola Tinubu préfère répondre par la violence, au lieu d’apporter des solutions aux problèmes. Il a ordonné à la police de réprimer les manifestants. Au moins une dizaine de personnes sont mortes et 700 autres arrêtées au cours des deux premiers jours de protestations, pour vol à main armée, incendie criminel et destruction de biens. Le président a également demandé aux agences de sécurité de cibler les individus arborant des drapeaux russes. En effet, certains manifestants ont été aperçus avec le drapeau de la fédération de Russie.

La Russie nie toute implication dans ces évènements au Nigeria

Sur la base de ces faits, des responsables du pouvoir ont accusé Moscou d’attiser les braises d’un changement de régime inconstitutionnel comme il l’aurait fait au Mali, au Burkina et au Niger. L’ambassade de Russie au Nigeria a rejeté cette accusation et s’est désolidarisée des actions évoquées. Mais certains observateurs jugent crédible une manipulation du Kremlin. On se rappelle que c’est Tinubu qui a voulu activer la force d’attente de la CEDEAO pour réinstaller le président déchu Bazoum au pouvoir au Niger, alors que le pays est aux mains de putschistes pro-russes.

Les manifestations initialement prévues sur dix jours

De leurs côtés, les manifestants affirment que personne ne sponsorise leur mouvement. Ils ne feraient qu’exprimer leur mécontentement face à la mauvaise gouvernance, à la corruption et au pillage du trésor national. Quelques-uns d’entre eux tenteraient sûrement de faire peur au pouvoir en agitant le drapeau russe. Quoiqu’il en soit, la CEDEAO exhorte les manifestants à saisir l’offre d’appel au dialogue de Tinubu. Peine perdue. Les manifestations se poursuivent et elles devraient avoir lieu pendant trois jours encore, puisque les organisateurs ont prévu dix jours de contestation.

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