Lors du sommet du Commonwealth, les Etats membres ont réclamé une réparation financière de l’esclavage au Royaume-Uni. Le premier ministre britannique Keir Starmer a consenti à une réparation, mais sans argent. Un refus qui pourrait coûter cher à l’organisation.
Le sommet du Commonwealth a eu lieu du lundi 21 au samedi 26 octobre 2024 à Apia aux Samoa, îles polynésiennes du Pacifique. Pendant cette rencontre annuelle, qui réunit le Royaume-Uni et 56 États (pour la plupart des ex colonies britanniques), une quinzaine pays africains et caribéens ont rouvert le débat sur les réparations liées à l’esclavage.
Une somme astronomique exigée comme réparation financière à l’esclavage
D’une même voix, ces Etats ont réclamé une reconnaissance des faits reprochés, des excuses officielles ainsi qu’une réparation financière pour l’odieux commerce transatlantique et l’esclavage inique subis par leurs peuples. Ils demandent exactement 21 500 milliards d’euros au Royaume-Uni, mais aussi aux puissances européennes qui ont participé à ce crime contre l’Humanité. En particulier la France, l’Espagne et le Portugal.
Le Royaume-Uni réticent à reconnaître ses fautes
Invitée régulièrement à présenter des excuses, la famille royale britannique, qui a bénéficié de la traite des esclaves pendant des siècles, a toujours eu une certaine réticence. Vendredi, le roi Charles III s’est à nouveau abstenu de tout repenti, demandant aux participants du sommet de rejeter le langage de la division. Cependant, le monarque a reconnu un passé « douloureux ». Même posture de la part de son premier ministre Keir Starmer, dont les collaborateurs ont exclu la possibilité de présenter des excuses.
Keir Starmer opposé à une réparation financière
Le résident du 10 Downing Street pense que « nous devrions regarder vers l’avant, que nous devrions examiner les défis d’aujourd’hui ». Jusqu’à présent, il a toujours rejeté publiquement les demandes de compensations financières. Selon lui, s’il doit y avoir une réparation, ce sera sans argent. S’il adopte la même position que son prédécesseur Rishi Sunak, le chef du gouvernement britannique se montre toutefois plus compréhensif, essayant de ne pas brusquer les pays du Commonwealth.
« Ce n’est qu’une question de temps » pour les ex-colonies
Cette attitude conciliante est vivement critiquée par la gauche du Parti travailliste, notamment les alliés de Jeremy Corbin. John McDonnell, par exemple, accuse Starmer et son ministre des Affaires étrangères David Lammy de « se contenter de répéter, mot pour mot, les arguments politiques des conservateurs ». Malgré ces réactions épidermiques, les ex colonies sont plutôt confiantes sur le paiement de la somme demandée, même si elle est astronomique. Frederick Mitchell, le ministre des Affaires étrangères des Bahamas, pense que « ce n’est qu’une question de temps ».
Le Commonwealth joue son avenir sur cette réparation financière de l’esclavage
Le Premier ministre bahaméen, Philip Davis, a lui déclaré que la crédibilité et la pertinence future du Commonwealth dépendent en partie de l’attitude du Royaume-Uni qui a toujours refusé le débat sur son passé esclavagiste. Il a laissé entendre qu’en l’absence d’excuses publiques et de compensations financières, cette communauté pourrait voler en éclats. Pour rappel, environ 15 millions d’esclaves ont été amenés de force dans les Amériques depuis l’Afrique entre le 15e et le 19e siècle. Le royaume Uni a joué un rôle de premier plan dans cette traite d’êtres humains.