Après avoir proposé à l’Ukraine de garantir sa sécurité en échange de ses terres rares, les États-Unis auraient fait la même offre à la RDC confrontée à la rébellion du M23. Si Kinshasa n’a pas officiellement confirmé cette information, des responsables américains et congolais ont évoqué des discussions préliminaires.
Donald Trump confirme à nouveau qu’il est avant tout un businessman à la limite du cynisme. Alors qu’il discute avec l’Ukraine pour prendre possession de ses terres rares en échange de la protection américaine contre la Russie, l’actuel maître du Bureau ovale aurait fait la même offre à la République démocratique du Congo (RDC) confrontée à une offensive du M23 dans l’est du pays.
Le M23 progresse dans l’est de la RDC
Depuis février, le M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda, mène une offensive dans l’est de la RDC. Il a déjà capturé de grandes villes de la région comme Goma et Bukavu. Ses leaders ont déclaré que leur objectif ultime était de prendre la capitale Kinshasa et de chasser du pouvoir Félix Tschisekedi. Ce dernier n’a toujours pas trouvé de solution pour reprendre les villes perdues. Des pays de la SADC avaient un moment menacé d’intervenir pour chasser le M23. Mais finalement personne n’a levé le pied. Des sources ont également évoqué un recours au groupe paramilitaire russe Wagner. Cependant, le pouvoir congolais est plutôt tourné vers l’Occident, en particulier les États-Unis.
La RDC regorge de minerais stratégiques
Depuis fin février, dit-on, Kinshasa et Washington discutent d’un potentiel accord sur les ressources minières congolaises. Dans ce deal, les États-Unis garantiraient la sécurité dans l’est de la RDC et auraient en échange un accès aux minerais stratégiques tels que le cobalt, le lithium, le cuivre, l’étain et le coltan. Ces métaux sont essentiels aux technologies de pointe et à l’industrie de défense. Or la RDC en regorge énormément.
Washington se dit ouvert aux discussions sur les terres rares congolaises
La présidence congolaise n’a pas encore communiqué officiellement sur ce marchandage. Mais des responsables congolais et américains ont confirmé l’existence de discussions préliminaires. Un représentant du département d’Etat a confié à Reuters que « les Etats-Unis sont ouverts à la discussion sur des partenariats dans ce secteur (minier) qui soient alignés sur la politique “America First” de l’administration Trump ». Aussi, il a assuré que Washington travaille « pour renforcer l’investissement du secteur privé en RDC afin de développer les ressources minières de manière responsable et transparente ».
Des responsables congolais appellent à des investissements américains
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a lui déclaré que « la RDC a des réserves disponibles et il serait bien que des capitaux américains investissent ici ». Un lobbyiste représentant le sénateur congolais Pierre Kanda Kalambayi a également invité, dans une lettre au secrétaire d’État américain Marco Rubio, les Etats-Unis à investir dans les minerais de son pays, en échange d’une aide à la « stabilité régionale ». Il apparaît clair que les politiques congolais préfèrent que ce soit le pays de l’oncle Sam qui exploite leurs métaux stratégiques et pas le Rwanda voisin. Tout comme l’Ukraine avec la Russie.
L’armée américaine va-t-elle s’engager militairement en RDC en cas d’accord ?
Mais Kinshasa va-t-il brader les ressources congolaises pour libérer l’est de la RDC du M23 et de ses alliés rwandais ? Si c’est le cas, Washington est-il prêt à s’impliquer militairement aux côtés de la FARDC ? Cette intervention directe ne rencontrerait-elle pas des réticences aux États-Unis puisqu’il s’agit d’un conflit interne, même s’il y a des mercenaires rwandais ? On en saura un peu plus dans les semaines prochaines. Pour l’heure, on attend de voir se concrétiser les promesses faites à l’Ukraine.