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France : bientôt la fin des restitutions de biens culturels au compte-goutte ?

Le gouvernement français a présenté, le mercredi 30 juillet, un projet de loi pour faciliter la restitution des biens culturels acquis illégalement pendant la colonisation. Ce texte doit accélérer les procédures actuelles, qui se font encore au compte-goutte en France. Il sera examiné au Sénat le 24 septembre prochain.

Le mercredi 30 juillet, le gouvernement français a présenté en Conseil des ministres un nouveau projet de loi-cadre visant à faciliter et à accélérer la restitution, dans leur pays d’origine, de biens culturels pillés pendant la colonisation. C’est la concrétisation d’une promesse faite par Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017, ainsi qu’ une réponse aux recommandations du rapport Savoy-Sarr de l’année suivante.

Rachida Dati remercie Emmanuel Macron pour avoir tenu sa promesse

Dans la capitale burkinabè, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il fallait « permettre aux Africains, en particulier à la jeunesse, d’avoir accès en Afrique et non plus seulement en Europe, à leur propre patrimoine et au patrimoine commun de l’humanité ». C’était au bon vieux temps de la solide amitié entre Paris et Ouagadougou…Mercredi, la ministre de la Culture Rachida Dati a salué la promesse tenue par le chef de l’État. Elle a défendu « un acte fort pour l’apaisement, la reconnaissance des mémoires et le renouvellement de nos relations avec les pays qui ont été victimes » de l’expropriation de leurs objets culturels par la France.

Un cadre bien défini pour les restitutions de biens culturels

Le projet de loi présenté en Conseil des ministres mercredi s’attaque aux biens acquis entre 1815 et 1972 dans des conditions jugées « illicites ». Mais que recouvre ce terme ? Le texte fait référence au « vol » et au « pillage », à la « cession obtenue par la contrainte ou la violence », ou par « une personne qui ne pouvait en disposer », et tout ceci dans un contexte colonial. Aussi, il souligne la nécessité de documenter le caractère illicite de l’acquisition.

Si le requérant est dans l’impossibilité de remplir ce dernier point, il pourra saisir une commission scientifique. Celle-ci réunira des historiens et spécialistes français, ainsi que du pays d’origine des objets ou du pays requérant. Le Conseil d’État prendra ensuite une décision sur la base de l’avis de ce groupe d’experts.

28 biens culturels renvoyés dans leur pays d’origine à ce jour

Le projet de loi doit faciliter et accélérer le retour dans leur pays d’origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises, mais pillés durant la colonisation. Pour l’heure, la restitution se fait trop lentement et au cas par cas. Depuis 2017 et le discours de Macron, seuls 28 objets ont été renvoyés dans leur pays d’origine.

Il s’agit principalement de pièces du « Trésor de Béhanzin » provenant du pillage des palais d’Abomey en 1892 par l’armée coloniale. Elles ont été restituées au Bénin. Récemment, le Parlement a autorisé la restitution du tambour parleur « Djidji Ayôkwé » à la Côte d’Ivoire, à l’issue d’un vol ayant permis de déclasser ce bien culturel volé par la France il y a plus d’un siècle et officiellement réclamé par Abidjan depuis 2019.

Les Africains sont capables de préserver leurs biens culturels

Le retour du tambour Djidji Ayôkwé et des autres biens restitués à ce jour s’intègre dans une vision plus large : celle d’une réappropriation et d’une décolonisation culturelles voulues par la France et ses ex colonies. Certains esprits chagrins alertent toutefois sur la prétendue incapacité des Africains à bien s’occuper des objets d’art. Comme s’ils avaient eu besoin d’une quelconque aide pour les entretenir lorsque les colons sont arrivés pour les piller, subjugués par leur beauté et leur état.

D’ailleurs, que ces critiques se rassurent, des partenariats seront tissés pour assurer la sauvegarde des biens rapatriés. Le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire, par exemple, a signé un partenariat scientifique avec le Musée du quai Branly – Jacques-Chirac dans cet objectif.

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