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Wokisme : la croisade de Donald Trump s’étend aux musées américains

Donald Trump souhaite réécrire l’histoire et la culture à sa façon. Le président des États-Unis lance des enquêtes sur les musées américains, qu’il accuse de promouvoir le wokisme, autrement dit (selon lui) de véhiculer une vision biaisée du passé, notamment sur l’esclavage. Face à cette nouvelle offensive du dirigeant républicain, les historiens mettent en garde contre le danger de présenter une image incomplète de l’histoire.

Il est décidément intraitable celui-là. Après s’être attaqué aux universités, aux instituts de recherche et aux organismes de santé, le voici qui cible à présent le domaine de la culture. Donald Trump – ça ne peut être que lui – a annoncé mardi 19 août avoir demandé à la justice fédérale d’enquêter dans tous le pays sur des musées qu’il accuse d’être « woke », c’est-à-dire (selon lui) de véhiculer une vision biaisée de l’histoire, notamment sur l’esclavage.

« Le WOKISME EST FINI »

« Les musées de Washington, mais aussi à travers tout le pays, sont pour l’essentiel les derniers restes du wokisme », a d’abord dénoncé Donald Trump sur son réseau Truth Social. Puis d’annoncer : « J’ai donné instruction à mes procureurs de passer en revue [la politique des] musées et de commencer exactement le même processus suivi avec les universités, où d’immenses avancées ont été réalisées ».

Le président américain conclut en affirmant que « ce pays ne peut pas être woke car le WOKISME EST FINI ». C’est au nom de ce wokisme qu’il a coupé les subventions à de prestigieuses universités comme Harvard. Le fameux DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale, a aussi gelé les financements de nombreux organismes comme l’USAID.

Le Wokisme selon Donald Trump

Qu’est-ce que Donald Trump appelle wokisme ? Ce mot, qui provoque en lui une paranoïa, dérive du terme anglais « woke », qui veut dire « éveillé », pour désigner l’éveil de la communauté noire et des minorités en général face aux injustices qu’elles subissent. Repris par les démocrates américains (par la gauche en France), ce vocable a été galvaudé par la droite (extrême comme modérée) et les mouvements conservateurs pour discréditer des luttes légitimes. Ainsi, défendre aujourd’hui les Afro-américains, la cause palestinienne, les LGBTQ+ et les femmes, promouvoir la diversité ou encore jeter des lumières sur le colonialisme relève du wokisme (du « révisionnisme » ou de la théorie du « grand remplacement »).

Donald Trump accuse les musées américains de « révisionnisme historique » et d’« endoctrinement idéologique » racial

Conservateur assumé, Donald Trump a fait savoir dès sa réélection qu’il se paierait la tête du wokisme. Il a lancé sa croisade contre ce mouvement en mars dernier avec un décret visant à reprendre le contrôle du contenu du Smithsonian, le plus grand complexe mondial de musées, d’éducation et de recherche, qu’il avait déjà accusé de « révisionnisme historique » et d’« endoctrinement idéologique » racial.

En février 2017, au tout début de son premier mandat, le président américain avait pourtant parlé du Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines comme d’une institution « fantastique » et d’un « magnifique hommage à tant de héros américains ». Depuis, il a laissé tomber le masque.

Donald Trump veut que les musées américains parlent uniquement de la réussite des États-Unis et de son éclat

La Maison Blanche avait prévenu la semaine dernière, dans un courrier adressé au Smithsonian, qui gère une vingtaine de musées publics de Washington, que le gouvernement allait mener un examen approfondi pour s’assurer de son « alignement » avec la vision de l’Histoire des États-Unis prônée par Donald Trump, prétendument fondée sur la « vérité et la raison ». L’administration assure que l’institution est « HORS DE CONTRÔLE » et que les musées de Washington présentent une image « horrible des États-Unis, notamment sur les méfaits de l’esclavage […] mais rien sur sa réussite et son éclat ».

Le danger de présenter une image incomplète du passé

Cette nouvelle offensive de Donald Trump inquiète évidemment les historiens. Dans une entrevue avec CNN, Annette Gorden-Reed, professeure de l’histoire du droit à l’université Harvard, a mis en garde contre le danger de présenter une image incomplète du passé. « On ne peut pas tirer des leçons de l’histoire si on ne sait pas ce qui s’est réellement passé, a souligné l’enseignante.

Hélas, comme avec les autres domaines déjà ciblés, Donald Trump utilise les moyens légaux (ici le département de la Justice) pour mettre au pas les musées, et plus généralement la culture. L’ex magnat de l’immobilier veut imposer sa lecture de l’histoire aux États-Unis, voire au monde. Il ne reste plus qu’à lui remettre un stylo pour le faire. Toutes les bibliothèques et tous les musées seraient alors remplis de ses « somptueux » ouvrages, probablement signés « Make America Great Again » (MAGA)…

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