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Santé : une nouvelle étude s’attaque (encore) à la viande

Une nouvelle étude de la Fondation EAT publiée vendredi dans « The Lancet » pointe les effets néfastes d’une surconsommation de la viande sur l’environnement et la santé. Elle suggère un régime moins carné, mais également un meilleur partage de la valeur. Ses recommandations ne devraient pas plaire à l’industrie de l’élevage et aux amateurs de bonne chair.

En janvier 2019, la Fondation EAT et la revue médicale The Lancet ont publié une étude d’ampleur sur le « régime de santé planétaire ». Celle-ci préconisait une réduction de la consommation de viande dans les pays riches pour pouvoir nourrir la population mondiale tout en préservant les ressources de la planète. À l’inverse, elle recommandait un supplément de fruits et légumes, de légumineuses et de fruits à coques dans nos régimes.

Moins de viande équivaut à moins d’émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation 

Six ans plus tard, la Fondation EAT et la revue médicale The Lancet publient une nouvelle étude sur la viande et les régimes alimentaires de la planète. Cette nouvelle recherche assure qu’une transition mondiale des régimes alimentaires vers plus de fruits et légumes pourrait sauver environ 15 millions de vies prématurées chaque année. Aussi, elle permettrait de réduire de plus de moitié les émissions annuelles de gaz à effet de serre liées à l’alimentation. Les scientifiques jugent nos divers régimes alimentaires actuels systématiquement déséquilibrés, à cause d’un excès de viande, de produits laitiers, de sucre et d’aliments transformés.

La consommation de viande a doublé depuis 1990

Dans leur évaluation, la Fondation EAT et The Lancet s’attaquent surtout à la consommation de viande rouge, associée à un risque plus élevé de mortalité dans les pays où elle est très forte depuis plusieurs décennies. Les experts notent que la consommation de viande a malheureusement doublé à l’échelle de la planète entre les années 1990 et aujourd’hui, et quadruplé entre 1961 et 2020. Aussi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les pays occidentaux (d’Europe, d’Australie et d’Amérique du Nord), pourtant promoteurs des régimes végétariens pour le bien de la planète, mangent deux fois plus de viande que la moyenne mondiale.

L’étude s’intéresse plus largement à nos systèmes de production 

La Fondation EAT et la revue The Lancet ne se limitent pas à la seule problématique de la viande. Elles pointent plus largement les systèmes de production de notre alimentation, à l’origine de fortes émissions de CO2, de la déforestation et de la destruction de la biodiversité.

Les auteurs du rapport relèvent par ailleurs que ces systèmes alimentaires ne représentent pas qu’une catastrophe sanitaire et environnementale. En effet, ils causent aussi une profonde injustice. Aujourd’hui, 30% des plus riches de la planète génèrent plus de 70% des impacts environnementaux liés à l’alimentation. Dans le même temps, près de 12% de la population mondiale souffrent encore de malnutrition.

Les lobbies agroalimentaires et agro-industriels ne vont pas aimer l’étude 

Pour mettre fin à ces injustices et aux conséquences de nos systèmes de production actuels sur la santé et l’environnement, la Fondation EAT appelle à une transformation profonde, qui va au-delà de la production d’un nombre suffisant de calories. Elle préconise un véritable changement de nos comportements alimentaires pour garantir les droits à l’alimentation, à un travail équitable et à un environnement sain.

L’organisme espère voir de premières réponses à la COP30, organisée en novembre au Brésil, mais craint que les lobbies de l’agroalimentaire et de l’agro-industrie n’arpentent encore les couloirs de ce sommet pour imposer leurs intérêts. C’est clair, ces groupes de pression ne vont pas croiser les bras après la publication de cette nouvelle étude scientifique.

Les êtres humains peuvent-ils se passer de viande ?

Déjà avant la publication du rapport, l’ONG Changing Markets dit avoir constaté une opération de désinformation et de « désinfluence » majeure. La plupart des contenus présentent les travaux de la Fondation EAT comme « anti-viande », culpabilisantes, voire comme le résultat d’un autoritarisme d’« élites » plus ou moins végétariennes.

Selon les auteurs de l’étude, ces propos viennent de personnes ayant un intérêt à soutenir l’industrie de la viande ou ayant des convictions fortes sur la nécessité de consommer beaucoup de viande pour respecter une tradition alimentaire. S’ils reconnaissent la richesse en nutriments des protéines animales, les chercheurs affirment que les êtres humains peuvent s’en passer…

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