En l’espace de huit jours, 62 personnes ont perdu la vie dans deux accidents routiers au Sénégal. Ces drames suscitent une grogne au sein de la population, qui demande au gouvernement des mesures idoines pour lutter contre l’insécurité routière. Les syndicats de transporteurs débutent d’ailleurs une grève ce mardi.
Tôt ce lundi 16 janvier, une collision entre un car et un camion à l’entrée de la commune de Ngueune Sarr, au nord-ouest du Sénégal, a fait 20 morts et 23 blessés. Selon des témoignages, le chauffeur du bus aurait cherché à éviter un âne, un de ces animaux nombreux qui se promènent sur les routes du pays. Mais il a perdu le contrôle de son volant et est sorti de sa voie pour percuter le camion qui comptait deux passagers.
Un premier accident plus meurtrier le 8 janvier
Cet accident a lieu seulement huit jours après un autre drame routier, le plus meurtrier de ces dernières années au Sénégal. En effet, le 8 janvier, 42 personnes ont péri dans une collision impliquant deux bus dans la région de Kaffrine (centre-ouest). Cette tragédie serait survenue à la suite de l’éclatement d’un pneu. Elle a provoqué un électrochoc national et déclenché un flot de critiques contre le gouvernement. On accuse ce dernier d’être incapable de faire respecter les règles de conduite et la réglementation sur l’état des véhicules. Car les car accidentés n’étaient pas en règle.
Plusieurs mesures annoncées par l’Etat
Face au mécontentement général de la population, l’Etat sénégalais a rapidement annoncé une vingtaine de mesures pour lutter contre l’incivisme routière. Il a notamment décidé d’interdire l’importation des pièces détachées usagées et la conduite des véhicules de transport collectifs interurbains entre 23 heures et 5 heures du matin. Il a également prévu de créer une structure de contrôle routier, ainsi que de rendre gratuit le contrôle technique pour les véhicules de transport et de marchandises.
Mais, après une protestation des professionnels du transport, le gouvernement a dû supprimer deux mesures dans la foulée. Il s’agit de l’interdiction des porte-bagages sur les toits des bus (une pratique qui surcharge et déséquilibre les camions), et la limitation de la durée d’exploitation des véhicules de transport collectif et de marchandises, respectivement à dix ans et quinze ans. Mais cela n’a pas suffi à calmer le mécontentement général né des deux accidents routiers.
Les transporteurs favorables à une hausse des prix du transport
En effet, les transporteurs demandent d’annuler d’autres décisions. Par exemple l’interdiction d’importer des pièces usagées et pour les bus de circuler la nuit. Car ces mesures ne colleraient pas à la réalité du Sénégal. Pour obtenir gain de cause, les syndicats de transporteurs ont annoncé une grève illimitée à partir de ce mardi 17 janvier. Lors de ce mouvement d’humeur, ils porteront une autre revendication. A savoir une hausse des prix du transport après la baisse récente par l’État des subventions aux carburants et l’augmentation de 100 francs CFA des prix du gazole et du super. Le gouvernement a rejeté cette demande en raison du contexte inflationniste.
Une conséquence des maux de la route au Sénégal
Les deux accidents routiers de ce début d’année confirment la dangerosité des routes au Sénégal. Officiellement, les accidents de la route tuent 700 personnes chaque année dans ce pays de plus de 17 millions d’habitants. Ces drames témoignent des maux du secteur des transports sénégalais et ouest-africaines. Citons la vétusté du parc automobile, les surcharges, le non-respect du code de conduite, le manque de formation des chauffeurs ou encore la corruption des forces de l’ordre et des structures chargées de faire passer le permis de conduire.