La République centrafricaine (RCA), le Soudan du Sud et l’Ouganda lanceront très bientôt la construction d’un corridor régional devant relier les trois pays. Cette route permettra de booster le commerce transfrontalier et connecter l’Afrique de l’Est à l’Afrique centrale. Mais il faudra relever des défis sécuritaires et financiers pour le voir concrétiser et porter ses fruits.
Le Président de la République centrafricaine (RCA), Faustin Archange Touadéra, a récemment annoncé à Bangui, en compagnie du Ministre ougandais des Travaux publics, le Général Edward Katumba Wamala, le lancement officiel du corridor régional qui doit relier leurs deux pays en passant par le Soudan du Sud. Ce projet d’infrastructure de 1.100 km entend dynamiser le commerce régional et répondre aux défis d’enclavement.
Une seconde autoroute prévue pour renforcer le corridor régional
L’initiative a été présentée pour la première fois en 2024 par le président ougandais Yoweri Museveni, après une rencontre avec ses homologues à Juba, au Soudan du Sud. À cette occasion, il avait précisé que cette route à deux voies devait partir d’Arua en Ouganda pour s’arrêter à Obo en République centrafricaine (RCA), en passant par Isiro en République démocratique du Congo (RDC). Une seconde autoroute longue de 354 km devait connecter la RCA au Soudan du Sud via Yei en passant par Maridi puis Yambo.
De la nécessité d’une coordination des acteurs engagés dans le projet
La validation de ce projet a nécessité une concertation avec plusieurs acteurs majeurs impliqués dans sa conception et sa future réalisation. Il s’agit des ministères des Travaux publics et du Plan des pays concernés, de l’entreprise chargée de la mise en œuvre de cette infrastructure d’envergure, des directions générales des marchés publics et des députés des différentes préfectures traversées par ce corridor régional.
Le corridor régional facilitera la mobilité des personnes et des biens
En reliant les trois pays, le corridor contribuera à dynamiser les échanges commerciaux et à faciliter la mobilité des personnes et des biens à travers cette région stratégique d’Afrique de l’est et du centre. Des villes comme Arua, Isiro et Obo pourraient voir leur importance économique croître considérablement par rapport aux capitales régionales. Par ailleurs, l’autoroute participera au renforcement des liens sociaux et culturels entre les peuples voisins.
Vers une baisse des prix des marchandises sur les marchés locaux
Pour la RCA en particulier, un pays enclavé, la nouvelle voie de communication offrira un accès plus direct aux ports de l’océan Indien via l’Ouganda et le Kenya. Ce qui permettra de réduire les coûts et les délais de transport pour les importations et les exportations, et donc de baisser les prix sur les marchés locaux. Selon une estimation de la Banque Africaine de Développement (BAD), les coûts logistiques devraient fondre de 70 % par rapport à la valeur des marchandises. Pour l’Ouganda, ce sera une opportunité de consolider les liens économiques avec ses trois principaux partenaires économiques de la région, incluant la RDC.
Le corridor régional, un élément clé de la zone de libre échange ZLECAF
Ce projet s’inscrit enfin dans une tendance plus large d’intégration économique en Afrique. Il soutient la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), en facilitant les exportations agricoles et minières, notamment du nord de l’Ouganda et du sud de la Centrafrique. Malgré l’ambition affichée, l’initiative devra surmonter plusieurs obstacles. Notamment financiers (même si les partenaires internationaux apporteront une précieuse aide) et sécuritaires dans certaines régions instables comme le Soudan du Sud et la RCA. Toutefois, les parties impliquées ont assuré leur engagement à relever ces défis par une coordination rigoureuse et une gouvernance responsable.