PENGASSAN, le principal syndicat pétrolier du Nigeria, a ordonné la suspension des livraisons de gaz et de brut à la raffinerie Dangote, et appelé à la fermeture de ses usines d’engrais. Cette décision est une réponse au licenciement de centaines de travailleurs locaux au profit de ressortissants indiens. Elle pourrait alimenter un conflit social à fort impact économique pour le pays le plus peuplé d’Afrique.
Dans une directive datée du 26 septembre, le Petroleum and Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria (PENGASSAN) a décidé, à compter du lundi 29 septembre 2025, de la fermeture des vannes d’alimentation en brut et en gaz de la raffinerie Dangote, située près de Lagos, la capitale économique du Nigeria. Le principal syndicat nigérian du secteur des hydrocarbures -qui revendique plus de 21 000 membres- a également lancé un mot d’ordre de grève à l’échelle nationale. Ainsi, ses sept branches actives chez les géants petro-gaziers nationaux et internationaux (TotalEnergies, Chevron, Seplat, Shell, Oando, Renaissance et Nigerian Gas Infrastructure Company) devraient suspendre toute livraison et toute activité jusqu’à nouvel ordre.
Le licenciement de 800 travailleurs à l’origine de la grève
PENGASSAN a en outre ordonné à ses membres présents sur des postes non liés à l’approvisionnement en gaz d’arrêter leurs services. C’est le cas de ceux qui effectuent des opérations de salle de contrôle et de panneau. Par ailleurs, l’organisation a demandé la fermeture des usines d’engrais du groupe Dangote. La cimenterie n’est pas concernée. Ces appels interviennent après le licenciement, par la direction de la raffinerie, de près de 800 travailleurs nigérians pour leur affiliation au syndicat. Le secrétaire général de PENGASSAN, Lumumba Okugbawa, a dénoncé des renvois illégaux et critiqué l’emploi en parallèle de 2000 expatriés, principalement indiens.
La raffinerie Dangote préfère la désinformation au lieu du dialogue social
PENGASSAN reproche également aux dirigeants de la raffinerie Dangoté d’avoir refusé l’accès du site aux travailleurs locaux et d’avoir diffusé de la désinformation, au lieu de privilégier le dialogue social. Le syndicat reproche d’ailleurs au milliardaire nigérian Aliko Dangote, propriétaire du conglomérat Dangote Petroleum Refinery, de violer les lois du travail du Nigeria, la Constitution du gouvernement fédéral et la Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT). Enfin, le responsable syndical regrette « qu’un homme ou une entreprise, aussi haut placé (e) soit-il, soit au-dessus des lois et ne peut être rappelé (e) à l’ordre par les institutions nationales ».
Un moment difficile pour la raffinerie Dangote
Le mouvement de grève de PENGASSAN survient alors que la raffinerie Dangote fait face à des difficultés croissantes d’approvisionnement en brut, aggravées par des écarts de change défavorables. L’usine a même dû annoncer l’arrêt de la vente d’essence en naira à compter du 28 septembre. Cette décision accentue les tensions sur les coûts de carburant et sur la valeur de la monnaie locale, le naira. Et maintenant s’y ajoute le blocage lancé par PENGASSAN. Cette nouvelle mesure pourrait désorganiser la chaîne logistique pétrolière du Nigeria, premier producteur de brut du continent. La raffinerie Dangote est la principale du pays et l’une des plus importantes d’Afrique.
Le gouvernement fédéral appelle au dialogue
Avec la grève syndicale, le Nigeria pourrait perdre quotidiennement 14,7 milliards de nairas et s’exposer à une crise du carburant, puis à une crise sociale, quelques mois seulement après de violentes manifestations contre le gouvernement. Le géant démographique africain reste dépendant de l’importation de produits raffinés, malgré la montée en puissance d’installations locales comme celles de Dangote. Face à cette perspective, le gouvernement fédéral a convoqué les dirigeants de PENGASSAN et la direction de la raffinerie Dangote à une réunion d’urgence pour régler les problèmes. Le syndicat exige la réintégration des travailleurs licenciés, avant toute discussion.