Société

Russie-Afrique : IBK prêt à tourner le dos à la France ?

Signe de la défiance grandissante entre Paris et Bamako, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a invité jeudi, lors du sommet Russie-Afrique de Sotchi, le président russe Vladimir Poutine, à s’impliquer davantage dans la crise sécuritaire au Sahel, et notamment au sein du G5 Sahel. Une insulte pour la France qui pilote cette structure et dont les soldats ont permis d’arrêter l’avancée des troupes djihadistes en 2012.

Le président IBK se chercherait-il de nouveaux alliés ? Le gouvernement français, qui dépense sans compter depuis sept ans au Mali et dans le Sahel, commence à avoir de sérieux doutes à l’égard du chef d’état malien, auquel est souvent reproché son inaction et son goût du laisser-faire. La cellule Afrique de l’Élysée a compris depuis longtemps qu’IBK n’était pas l’homme de la situation pour régler une fois pour toutes le cancer terroriste… mais elle ne se doutait pas de la trahison à venir.

C’est donc depuis le podium du Sommet Russie-Afrique de Sotchi qu’Ibrahim Boubacar Keïta s’est lancé dans un discours d’amour enflammé à l’égard de la Russie et de son président. Logique, somme toute, dans un tel contexte. Mais ce qui est plus surprenant en revanche, c’est l’invitation faite par IBK aux troupes russes de rejoindre la coalition en charge de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Une coalition financée et dirigée par la France, et dont l’objectif numéro un vise à défendre l’intégrité territoriale malienne.

Des déclarations qui sonnent comme une provocation. Une mise au défi même. Car on imagine mal, dans le contexte géopolitique actuel, comment troupes françaises et russes pourraient coexister ? Des subtilités que le président malien ne peut ignorer. Et qui tendent à laisser penser qu’IBK vise soit purement et simplement à remplacer la manne française par la russe (ce qui semble tout de même improbable aux vues des sommes dépensées par les deux pays en aide extérieure), soit (de manière plus probable) initier un rapport de force avec Paris.

Mais IBK a peut-être surestimé sa main. Quel intérêt aurait Emmanuel Macron à rentrer dans cette surenchère ? L’intervention au Mali coûte cher aux caisses de l’état français et est chaque mois plus impopulaire auprès de l’opinion publique. Un désengagement est plus dans l’air du temps qu’un jeu de dupe avec Vladimir Poutine, pour qui on peut également se demander si une intervention au Sahel représente une priorité géopolitique.

Une seule chose est certaine. Le soutien de Paris à IBK, déjà chancelant depuis l’élection d’Emmanuel Macron, se fait chaque jour plus fragile. La France va sans doute désormais soutenir le président IBK… comme la corde le pendu.

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