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Au Cameroun, l’assassinat d’un journaliste défraie la chronique

Arsène Salomon Mbani Zogo dit « Martinez » a été retrouvé sans vie et le corps mutilé, le 17 janvier 2023 à Yaoundé. Un crime d’État, selon plusieurs organisations de lutte pour les droits humains.

Qui a tué Martinez Zogo ? C’est la question que le tout-Yaoundé (capitale du Cameroun) et au-delà se pose depuis trois semaines. En l’occurrence, le 17 janvier, jour de la découverte macabre de ce journaliste de 50 ans, connu pour ses dénonciations impliquant bien souvent de puissantes personnalités dans le pays.

Cette voix de la radio Amplitude FM a en effet retrouvé mort et torturé après sa disparition cinq jours plus tôt dans des circonstances non encore élucidées. Au grand dam de l’opinion nationale et internationale scandalisée par ce que d’aucuns qualifient d’ores et déjà de crime d’État.

Arrestations

Et pour cause, la tragédie aurait été commanditée en haut lieu, précisément par des personnes proches du pouvoir. C’est du moins ce qui ressort de façon très parcellaire et sans confirmation officielle pour l’instant, des premiers éléments de l’enquête personnellement ordonnée par le chef de l’État Paul Biya.

Cela a notamment conduit à l’arrestation lundi 6 février, aux premières heures de la journée, de l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga par des forces de l’ordre à son domicile de Yaoundé.

Cette mise aux arrêts motivés de sources policières par les déclarations d’un membre des renseignements camerounais soupçonnés d’avoir participé au meurtre du journaliste, n’en reste pas moins surprenante vu du Cameroun.

Espoirs

Car Jean-Pierre Amougou Belinga est un personnage extrêmement influent dans le pays. Fort d’une fortune estimée à plusieurs dizaines de millions de francs CFA et d’un groupe de presse dédié à sa gloire, ce spécialiste de la commande publique aurait à travers son entregent avec le palais d’Étoudi (le palais présidentiel), le pouvoir de faire et de défaire des ministres.

Sa forte proximité avec les réseaux du pouvoir représente l’une des raisons pour lesquelles personne ne peut croire à Yaoundé qu’il sera appelé à répondre de ses actes en cas de culpabilité, comme le laissent entendre des informations obtenues de sources proches de l’enquête par l’organisation Reporter sans Frontières (RSF).

Ses biens immobiliers ont été perquisitionnés mardi 7 février au lendemain de son arrestation. Mais l’intéressé nie, à en croire RFI, toute implication dans le sort infligé à Martinez. Un sort trop souvent réservé en toute impunité aux esprits intrépides comme l’homme de l’émission Embouteillage et dont la population espère enfin la fin.

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