Pressés par les partenaires occidentaux de s’exprimer sur la guerre en Ukraine, les Etats africains ont eu l’opportunité de le faire dans un cadre un peu plus réglémentaire, à l’Assemblée générale des Nations unies. La majorité a voté la résolution condamnant la guerre en Ukraine et exigeant le retrait immédiat des forces russes du pays. Un seul Etat a voté contre, l’Erythrée.
L’Erythrée d’Issayas Afeworki vote contre
L’Assemblée générale des Nations unies a massivement adopté, le mercredi 2 mars, une résolution condamnant la guerre en Ukraine et demandant le retrait immédiat des forces russes, présentes dans le pays depuis le jeudi 24 février. Inspirée d’un texte rejeté la semaine dernière au Conseil de sécurité de l’ONU (en raison d’un veto de Moscou), cette résolution a été votée par 141 des 193 membres de l’Assemblée. Tandis que 35 Etats se sont abstenus de voter et 5 ont exprimé leur opposition. Ce sont: la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord, la Syrie et l’Erythrée. Comment expliquer la position de ce dernier?
Aucune surprise sur le vote de certains Etats
Contrairement à la Biélorussie, la Syrie et la Corée du Sud qui ont plus ou moins des liens très forts avec la Russie, en raison d’accords de défense ou de convergence idéologique, l’Erythrée ne semble pas très proche de Moscou. Toutefois, cet Etat d’Afrique de l’Est a des dettes envers le pays de Poutine et fait tout son possible pour plaire à ce dernier. Son président Issayas Afeworki, autrefois grand maoïste, est considéré comme un dictateur par l’Occident. Il règne d’une main de fer sur l’Erythrée depuis près de 30 ans.
En Afrique, seul Asmara a condamné la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies. Une large majorité des pays ayant voté en faveur. Ils sont au total 28 à avoir condamné l’agression de la Russie. On compte pratiquement tous les pays francophones, grands alliés de Paris. Il s’agit notamment de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Gabon, de la République démocratique du Congo et du Tchad. On note aussi les Etats anglophones comme le Libéria, le Ghana, le Botswana, la Zambie et le Kenya, ainsi que des pays arabophones tels que la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Ils ont tous fait valoir l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
L’Afrique du Sud s’abstient et fait des critiques
Mais 17 pays africains (sur les 35 au monde) ont préféré l’abstention. On retrouve dans cette liste le Mali, nouveau partenaire de la Russie, le Congo-Brazzaville, Madagascar, l’Éthiopie, le Soudan, l’Algérie, l’Afrique du Sud et étrangement le Sénégal de Macky Sall, pourtant grand ami de la France. Lors de son intervention à la tribune, l’Afrique du Sud, notamment, a exprimé sa profonde inquiétude pour les Ukrainiens et demandé le respect de la souveraineté de leur nation. Mais la deuxième puissance économique d’Afrique (derrière le Nigeria) a estimé que la résolution ne créait pas les conditions d’un rapprochement des protagonistes. Aussi, Pretoria regrette que l’ONU n’ait pas bien accueilli le début des négociations entre Kiev et Moscou, alors qu’il s’agit d’un grand pas vers la paix.
L’absence de quelques Etats
D’autres pays africains ont décidé de ne même pas se rendre à l’Assemblée générale des Nations unies. Ce sont le Burkina Faso, la Guinée Conakry, le Cameroun, le Maroc, la Guinée Bissau et l’Éthiopie. Les deux premiers Etats vivent actuellement une transition militaire délicate. Ainsi, la Guinée Conakry a souhaité ne pas s’exprimer sur la crise ukrainienne. Cependant, elle a sanctionné le Consul honoraire d’Ukraine après la diffusion d’un document sur les réseaux sociaux appelant la junte à prendre position.
De son côté, le Maroc a indiqué que son absence ne saurait faire l’objet d’aucune interprétation par rapport à sa position de principe sur la souveraineté des Etats. Son ministère des Affaires étrangères a dit continuer « d’appeler à la poursuite et à l’intensification du dialogue et de la négociation entre les parties pour mettre fin à ce conflit ». Il faut noter que de nombreux pays africains ont aussi exprimé leur inquiétude sur la situation des Africains en Ukraine, souvent pris pour cibles et empêchés de prendre les transports pour quitter le pays.