Le marché de l’antibiotique est confronté au développement de la résistance chez de nombreuses bactéries, en particulier les agents pathogènes à Gram négatifs. Pour résoudre ce problème, le groupe français Nosopharm se tourne vers l’exploitation de Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries inexploitées mais à fort potentiel thérapeutique.
Classée par l’OMS comme l’une des dix principales menaces mondiales pour la santé publique, la résistance aux antibiotiques fait chaque année plus d’un million de morts dans le monde. Plus de la moitié de ces décès (59%) sont dus aux agents pathogènes à Gram négatif multirésistants, responsables des infections nosocomiales. A ce jour, il n’existe pas de médicament capable de traiter ce fléau mondial. Trouver un tel composé devient donc prioritaire pour les autorités sanitaires.
Des molécules bioactives non toxiques pour leur hôte
Nosopharm, une entreprise fondée à Nîmes en 2009, est l’une des rares R&D antimicrobiennes à s’attaquer à ce problème. Pour lutter contre les bactéries et autres agents pathogènes, elle a adopté une approche révolutionnaire basée sur Photorhabdus et Xenorhabdus. Ces deux bactéries inexploitées mais à fort potentiel thérapeutique produisent des molécules capables d’empêcher les autres bactéries d’envahir leurs territoires. Ces molécules bioactives ne sont pas toxiques pour leur hôte.
Conception d’une plateforme de découverte de médicaments
Photorhabdus et Xenorhabdus constituent des moyens très prometteurs pour la découverte de traitements efficaces contre les maladies infectieuses. Pour en tirer parti autant que possible, Nosopharm a conçu une plateforme innovante de découverte de médicaments appelée ExploRhabdus. Cette plateforme a permis notamment de mettre au point NOSO-502, le programme le plus avancé du pipeline de Nosopharm..
Actif contre les entérobactéries multirésistantes
NOSO-502 est d’ailleurs le premier candidat antibiotique first-in-class de l’entreprise française. Il vise à traiter les principales infections nosocomiales. Celles-ci sont causées par les entérobactéries multirésistantes. Principalement Enterobacter spp, Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli. D’après des études de toxicologie BPL publiées en juin 2022, NOSO-502 inhibe le ribosome bactérien de ces agents pathogènes avec un nouveau mode d’action. Le remède serait efficace quel que soit les souches, même celles qui résistent à la polymyxine.
Entrevoir la production et la commercialisation
De seconds travaux scientifiques publiés en octobre 2022, en collaboration avec l’Inserm, ont confirmé cette puissante activité de NOSO-502 contre les agents pathogènes à Gram négatifs. Des résultats positifs qui permettent à Nosopharm d’entrevoir la production et la commercialisation de son antibiotique first-in-class. Ce serait une bonne nouvelle pour l’OMS et les patients qui attendent un traitement définitivement efficace depuis plusieurs décennies.
Remaniement du conseil de surveillance
Pour conduire cette dernière phase décisive, Nosopharm a remanié son conseil de surveillance en juillet dernier. Le groupe a désigné Jacques Dumas comme son nouveau président, en remplacement de Jacques Biton. Il a également intégré quatre membres, des représentants d’investisseurs. Cette nouvelle équipe doit mener le prochain tour de table et signer des partenariats stratégiques. Objectif final : poursuivre le développement du programme jusqu’à la phase des essais cliniques chez l’Homme.