Le FMI et la Banque Mondiale ont émis des inquiétudes sur la dette de l’Afrique subsaharienne. Celle-ci a atteint des niveaux jamais observés depuis des décennies, faisant peser un risque de défaut de paiement.
Pour la première fois depuis 50 ans, le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont organisé leurs Assemblées annuelles en Afrique. C’était à Marrakech, au Maroc, la semaine dernière. Pendant ces réunions, les deux institutions financières ont parlé des financements et des conditions strictes d’octroi des prêts pour les pays en difficulté. Elles ont aussi et surtout évoqué le niveau d’endettement inquiétant de certaines économies africaines.
Un risque élevé de surendettement
Selon le FMI et la Banque Mondiale, la dette publique de l’Afrique sub-saharienne a atteint 56 % de son PIB en 2022. Cette année-là, 22 pays africains présentaient un risque élevé de surendettement ou étaient déjà surendettés. A l’image de la Zambie, du Malawi, du Tchad et du Ghana, un pays autrefois montré en exemple en matière de gestion de la dette publique. « Les chiffres suggèrent qu’il y a un problème de viabilité de la dette », a relevé Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI. Le dirigeant souligne l’urgence de discuter des questions de restructuration de la dette, cas par cas.
La Chine devenue principal créancier des pays pauvres
Mais cette proposition rencontre un gros problème. C’est que la Chine se tient hors des restructurations collectives, coordonnées par le Club de Paris. Le géant asiatique préfère faire route seul, avec son propre mécanisme. Il croit ainsi pouvoir obtenir des remboursements préférentiels. Cette posture ne permet pas d’agir avec efficacité, d’autant que l’empire du milieu est devenu le principal créancier des économies émergentes et en développement (EMDE). En effet, la Chine représente aujourd’hui près de 40 % de la dette bilatérale de ces Etats. En moins d’une décennie, elle a octroyé plus de 1.000 milliards de dollars. Soit plus que les pays européens réunis.
La politique de prêt problématique de Pékin
Pékin accorde de l’argent sans compter et n’impose pas de conditions politiques, ni une discipline financière à ses débiteurs. Ce qui rend attractifs ses prêts aux yeux de pays peu regardants sur la démocratie et la bonne gouvernance. Et, comme un prêteur sur gage, le géant asiatique enfonce davantage les EMDE en donnant prêt d’urgence sur prêt d’urgence ou en procédant à un rééchelonnement de la dette. Une stratégie qui pose problème.
Des propositions pour éviter une crise de la dette
Lors des Assemblées générales du FMI et de la Banque Mondiale à Marrakech, les participants ont cherché des solutions pour éviter un défaut de paiement général, pouvant conduire à des crises économiques et politiques. Ils ont suggéré, par exemple, d’imposer un rééquilibrage budgétaire pour ramener la dette à un niveau plus prudent. Ils ont également proposé de renforcer les institutions budgétaires afin d’améliorer l’exécution des plans. En outre, les experts ont appelé à anticiper les résistances du grand public face aux réformes.