Les Etats-Unis ont approuvé mercredi un traitement préventif très attendu contre le VIH-SIDA. Nommé Yeztugo, ce remède consiste en deux injections annuelles. Mais les espoirs suscités pourraient être douchés par le prix astronomique, qui s’élèverait à plus de 28 000 dollars par an.
Bientôt la fin du VIH-SIDA ? Les Etats-Unis ont approuvé mercredi un nouveau traitement pour la prévention du virus. Ce remède nommé Yeztugo a été développé par le laboratoire pharmaceutique Gilead. Il consiste en deux injections annuelles pour se prémunir contre cette maladie jusqu’alors incurable. Le traitement devrait faciliter considérablement les prises en charge préventives.
Jusque récemment, les PrEP étaient la seule solution thérapeutique
Les médicaments destinés à prévenir (et non à guérir donc) la transmission du VIH-SIDA existent depuis plus d’une décennie. Ils sont connus sous le nom de « prophylaxie pré-exposition », ou « PrEP ». Ces traitements empêchent le virus de se développer et de se fixer dès son entrée dans le corps. Ils sont prescrits uniquement aux personnes séronégatives de plus de 18 ans qui prennent régulièrement des risques par rapport au virus. Comme les travailleuses du sexe, les homosexuels, les conjoints ou conjointes des personnes vivant avec le VIH, les personnes qui consomment des drogues par injection, qui ont plusieurs partenaires sexuels ou des rapports sexuels non protégés.
Des comprimés aux vaccins contre le VIH-SIDA
La PrEP se prend au minimum 2h et maximum 24h avant un rapport sexuel, à raison de deux comprimés par prise. Il faut ensuite avaler un autre comprimé le lendemain à la même heure et un quatrième 24h plus tard. Mais en 2021, la lutte contre le VIH-SIDA a fait un bond avec l’approbation par l’Agence américaine du médicament (FDA) d’un premier traitement injectable, l’Apretude du laboratoire ViiV Healthcare. En 2022, le laboratoire Gilead a obtenu à son tour l’autorisation de commercialiser son traitement antirétroviral Sunlenca. Ce médicament est développé à partir du lénacapavir, une molécule qui empêche la multiplication du virus dans l’organisme de personnes déjà infectées.
La promesse d’une réduction du risque de transmission du VIH-SIDA de plus de 99,9 %
Selon Gilead, le nouveau traitement préventif est destiné aux adultes et adolescents pesant au moins 35 kg, et ayant besoin de la PrEP ou souhaitant en bénéficier. Deux essais cliniques menés par l’entreprise américaine ont montré une réduction du risque de transmission du VIH de plus de 99,9 % chez les personnes ayant pris Yeztugo. Les PrEP ont un taux de protection situé autour de 96%. Cet écart est doublé d’une certaine facilité, car l’injection se fait seulement deux fois par an, au lieu d’une prise après chaque rapport sexuel.
Le Yeztugo devrait coûter 28 000 dollars
Si Yeztugo suscite de grands espoirs, ceux-ci pourraient toutefois être douchés par le coût élevé du traitement. Gilead a confié à l’Agence France-Presse (AFP) que le prix devrait atteindre les 28 000 dollars (24 500 euros environ) par an. Gilead dit néanmoins travailler à rendre son vaccin préventif accessible à tous ceux qui en auraient besoin et s’attend à une importante prise en charge par les assurances. Plusieurs voix s’élèvent déjà pour appeler à la baisse considérable du prix du Yeztugo, autour d’une centaine d’euros.
Réduire le prix du traitement pour le rendre accessible aux patients pauvres atteints du VIH-SIDA
Le Sunlenca coûte, lui, plus de 39 000 dollars (34 000 euros environ) par an. En 2024, plusieurs personnalités ont écrit une lettre ouverte pour prier Gilead de rendre plus accessible son traitement contre les infections au VIH. Le courrier a notamment été signé par l’ex-présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, l’actrice Sharon Stone et la chercheuse Françoise Barré-Sinoussi, qui a co-découvert le virus dans les années 1980. Les auteurs ont relevé qu’une réduction du prix seule pourrait suffire à mettre fin à la maladie, en particulier en Afrique, où vivent deux tiers des personnes infectées dans le monde.
