L’intelligence artificielle (IA) en langues africaines connaît un essor remarquable, porté par des start-up innovantes sur le continent. Ces entreprises, souvent issues d’initiatives locales, attirent désormais l’attention des géants internationaux de la tech.
Une expansion soutenue par des financements
LAfricaMobile, start-up sénégalaise fondée par Malick Diouf, illustre cette dynamique. Après avoir levé 7 millions de dollars en 2024, l’entreprise prévoit une expansion vers l’Afrique centrale francophone (Congo-Brazzaville, Gabon, Cameroun, etc.) et le renforcement de sa plateforme numérique. L’objectif est de toucher un public encore plus large, en surmontant les barrières linguistiques et de connectivité.
LAfricaMobile facilite les échanges entre entreprises et clients dans une quinzaine de pays grâce à une IA qui traduit et vocalise des messages dans des langues locales comme le wolof, le dioula ou le swahili. « Ces innovations permettent d’inclure des millions de personnes traditionnellement exclues du numérique », souligne Malick Diouf.
Un défi linguistique unique
Avec environ 2 000 langues africaines, dont beaucoup sont tonales, les défis techniques sont colossaux. « La maîtrise de ces langues nécessite une compréhension fine que seules des équipes locales peuvent apporter », explique Paulin Melatagia, chercheur en informatique à l’Université de Yaoundé 1. Contrairement aux géants internationaux, les start-up africaines intègrent cette expertise locale, apportant une valeur ajoutée unique.
Les géants de la tech en renfort
Google, Orange, Meta et d’autres entreprises internationales investissent également dans ce domaine. Google Traduction a récemment ajouté 31 langues africaines, tandis qu’Orange développe des outils linguistiques adaptés aux 18 pays où il opère en Afrique. Ces initiatives, bien que prometteuses, soulignent aussi l’importance des collaborations locales.
Malick Diouf reste optimiste face à l’arrivée de ces mastodontes : « C’est une reconnaissance de l’importance de l’inclusion numérique. Mais il est crucial qu’ils travaillent main dans la main avec des acteurs locaux pour maximiser l’impact », indique-t-il.
Un marché en plein essor
Les prévisions économiques sont encourageantes. Le marché des IA en langues africaines pourrait atteindre 130 millions de dollars d’ici 2025, avec une croissance annuelle de 25 %. Ce dynamisme reflète une transformation profonde du numérique en Afrique, où l’innovation locale devient un levier d’inclusion sociale et économique.
Les start-up africaines, grâce à leur compréhension fine des besoins locaux, posent les bases d’un écosystème technologique ancré dans les réalités linguistiques et culturelles du continent. Une révolution numérique portée par et pour l’Afrique.