En l’absence du leader du mouvement Patriotes Ousmane Sonko, c’est Bassirou Diomaye Faye qui a été désigné candidat des Patriotes (ex-PASTEF) à l’élection présidentielle sénégalaise de ce mois de mars. Un amateur de la politique inconnu du grand public, qui semble faire office de candidat de substitution.
Il fait partie des 19 candidats retenus par le Conseil Constitutionnel pour disputer la première manche de l’élection présidentielle sénégalaise prévue le 24 mars prochain après un report du scrutin du 25 février.
Désigné par Ousmane Sonko, le chef des Patriotes (ex-PASTEF), dont la candidature a été écartée par le Conseil constitutionnel après une condamnation de deux ans de prison dans une affaire de mœurs et une condamnation définitive pour diffamation contre un ministre, Bassirou Diomaye Faye, aussi en prison depuis 11 mois pour avoir critiqué la magistrature, a failli ne pas passer l’épreuve des parrainages.
Bassirou Diomaye Faye a dû régulariser 4 000 doublons internes pour être « validé » par le Conseil constitutionnel il y a deux mois. Confirmé sur la liste définitive publiée par les Sages le 19 janvier, le secrétaire général et membre fondateur de la formation dissoute de Sonko est officiellement candidat à l’élection présidentielle.
Dans son projet « pour un Sénégal souverain, juste et prospère », Bassirou Diomaye affirme qu’il veut faire du pays une nation juste, prospère, souveraine et ancrée dans des valeurs fortes. « Cette vision prône la nécessité de trouver de nouvelles voies de développement économique et social du Sénégal se fondant sur les valeurs que sont : le patriotisme, le travail, l’éthique et la fraternité ».
L’ambition de Bassirou Diomaye Faye peut toutefois se heurter à un frein majeur : l’amateurisme. Si cet inspecteur des impôts est vu comme un très proche d’Ousmane Sonko, partageant le même discours antisystème, et teinté de conservatisme religieux, ses détracteurs remettent en cause son expérience et sa notoriété. Il n’a en effet jamais exercé de hautes responsabilités politiques, et est inconnu du grand public.
Considéré comme plus radical et plus violent qu’Ousmane Sonko, le quadragénaire semble loin d’atteindre la popularité du charismatique leader des Patriotes. D’après Sidy Diop, directeur adjoint des rédactions du quotidien le Soleil, Mr Faye n’a « ni le charisme, ni l’éloquence » d’Ousmane Sonko, qui excelle pour drainer et électriser les foules.
Bassirou Diomaye Faye pourrait inévitablement pâtir de son image de « candidat de substitution ». Sans parler de son statut de « prisonnier-candidat » qui fragilise sa capacité à mener pleinement sa campagne présidentielle.
