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Cinéma : Jean-Claude Barny consacre un biopic à Frantz Fanon

« Fanon », un long métrage du Guadeloupéen Jean-Claude Barny, est sorti en salles le 2 avril. Ce film revient sur un pan de la vie du médecin psychiatre martiniquais, une figure majeure de la littérature et de la lutte contre le colonialisme et le racisme. Alexandre Bouyer campe le rôle du médecin noir affecté à Blida (Algérie), à la tête du service psychiatrique de l’hôpital de la ville.

Après Nèg Maron (2005), Rose et le Soldat (2014) et Le Gang des Antillais (2016), Jean-Claude Barny propose « Fanon », un biopic consacré au psychiatre et révolutionnaire martiniquais Frantz Fanon. Sorti en salles en France le 2 avril, ce long-métrage se consacre à un pan de la vie d’une figure majeure de la littérature et de la lutte contre le colonialisme. D’une durée de 2h13, il est distribué par Eurozoom.

Alexandre Bouyer incarne Frantz Fanon

Frantz Fanon est joué par Alexandre Bouyer. Son épouse Josie est incarnée par Déborah François, qui représente une Europe coloniale figée dans sa bonne conscience. Dans le casting, on retrouve également Stanislas Merhar, Salomé Partouche, Arthur Dupont, Mehdi Senoussi, Olivier Gourmet et Salem Kali. Ces acteurs ont tous contribué à faire de Fanon, un biopic pénétrant. Le film ne s’intéresse pas seulement au grand intellectuel et militant français, mais également s’attache aux ressorts intimes de ses combats et engagements.

Le médecin muté en Algérie dans un contexte de lutte pour l’indépendance

Fanon s’ouvre en 1953, lorsque le psychiatre français originaire de la Martinique est nommé chef de service à l’hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie, pays alors ébranlé par la lutte pour l’indépendance portée par le Front de libération nationale (FLN). Ses méthodes contrastent radicalement avec celles de ses collègues, dans un contexte colonial marqué par de profondes tensions. C’est au cœur de cette guerre d’Algérie que le film dresse le portrait d’un homme livrant un combat acharné au nom de l’humanité.

Victime d’un racisme ordinaire en Algérie

Frantz Fanon fait aussi face au racisme, vif à l’époque. Son statut de médecin et sa nationalité française ne lui ont pas permis d’y échapper. C’est d’ailleurs un racisme ordinaire et décomplexé qui l’accueille quand il débarque en Algérie. Le gardien de sa maison, par exemple, ne s’attendait pas à ce que son futur patron soit un noir. Même réaction lorsqu’il entre dans le service psychiatrique de l’hôpital de Blida pour occuper son poste .

Frantz Fanon engagé auprès du FLN

Frantz Fanon n’était pas seulement un bon psychiatre, qui a su mettre en lumière les mécanismes par lesquels la violence du dominateur sur le dominé se répand dans une société coloniale. Il fut également un homme résolument engagé, abandonnant même son poste pour rejoindre le FLN et devenir le diplomate du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). Son engagement politique transparaît dans ses écrits avec « L’An V de la révolution algérienne » (1959) et surtout « Les Damnés de la Terre » (1961), préfacé par Jean-Paul Sartre. Dans ce dernier livre, il explore les conséquences psychologiques du colonialisme et appelle à la révolte des peuples opprimés.

Frantz Fanon blacklisté en France pour son engagement en faveur de l’Algérie

Atteint d’une leucémie, Frantz Fanon meurt en 1961 à Washington, aux États-Unis, à seulement 36 ans, un an avant l’indépendance de l’Algérie qu’il a tant défendue. Un grand esprit ne s’éteignant jamais, il est aujourd’hui étudié dans les universités du monde entier et inspire les luttes de libération, notamment en Palestine. En France, le Martiniquais est encore largement méconnu car pratiquement blacklisté pour ses opinions politiques et son engagement en faveur de l’Algérie. Jusqu’ici, le film de Jean-Claude Barny n’a été diffusé que dans une poignée de cinémas, mais le public a répondu présent à chaque fois.

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