L’Égypte a inauguré samedi son Grand Musée, un projet colossal qui a mis près de vingt ans à se concrétiser. Située à proximité des pyramides de Gizeh et du Sphinx, cette nouvelle institution doit offrir une vitrine moderne à l’un des plus anciens patrimoines du monde. Grâce à ce musée, le Caire espère relancer le tourisme national, en accueillant jusqu’à cinq millions de visiteurs par an.
Enfin ! l’Égypte a inauguré samedi son Grand Musée Égyptien (GEM), après plusieurs reports et près de vingt ans de travaux et de rénovation. La cérémonie d’ouverture a eu lieu en présence de plusieurs chefs d’État et de gouvernement, de membres de familles royales européennes et arabes, et surtout du président Abdel-Fattah el-Sissi. Elle a été marquée par un spectacle de drones dessinant dans le ciel des figures de dieux antiques et des pyramides, ainsi que par un orchestre et des figurants costumés en anciens Égyptiens.
Un projet estimé à plus d’un milliard de dollars
Dans son discours inaugural, Abdel-Fattah el-Sissi a appelé à faire du musée « une plateforme de dialogue, un lieu de connaissance, un forum pour l’humanité et un phare pour tous ceux qui aiment la vie et croient en la valeur de l’humanité ». D’un coût estimé à plus d’un milliard de dollars, ce projet a été lancé en 2005 sous la présidence de Hosni Moubarak. Il a été retardé à plusieurs reprises, notamment par le soulèvement de 2011, dans le cadre du printemps arabe, et plus récemment par le conflit de douze jours entre Israël et l’Iran survenu en juin dernier. Mais une partie des salles d’exposition du musée étaient déjà accessibles au public depuis quelques mois.
Le Grand Musée abrite la collection complète de Toutankhamon
Situé à quelques kilomètres du Caire, à proximité des célèbres pyramides de Gizeh et du Sphinx, le GEM est le plus vaste musée au monde dédié à une seule civilisation, avec plus de 100 000 artefacts retraçant la vie en Égypte ancienne. À titre de comparaison, le Louvre à Paris expose environ 35 000 objets. Le GEM abrite notamment la collection complète de Toutankhamon, fils du pharaon Akénaton, mort à 20 ans probablement de maladie. Parmi les 5 400 objets retrouvés dans son tombeau, il y a un siècle, figurent son trône d’or, son sarcophage, son légendaire masque funéraire, trois lits funéraires et six chars. Toutankhamon est représenté sous les traits d’Osiris et de Ré, deux des plus importants dieux du panthéon égyptien.
Une statue colossale du pharaon Ramsès II trône dans l’atrium
Le GEM accueille également le bateau solaire du pharaon Khéops, âgé de 4 600 ans. Cette barque funéraire longue de 42 mètres pèse 20 tonnes. Le public pourra en outre et surtout contempler la statue colossale du pharaon Ramsès II trônant dans l’atrium. Exposée dans le grand hall du GEM, cette statue sculptée dans le granit d’Assouan fait 11 mètres de haut et pèse 80 tonnes. On peut enfin noter la présence de l’obélisque de Tanis. Haut de 16 mètres et pesant 87 tonnes, il se dresse à l’extérieur du musée, sur une place de 30 000 m², devant l’entrée principale. C’est en quelque sorte l’objet qui accueille les visiteurs.
Le Grand Musée veut accueillir 5 millions de visiteurs par an
Outre les pièces, le Grand Musée Égyptien offre 24 000 m² d’exposition permanente, un vaste centre de conservation, un musée pour enfants, des espaces de conférence et d’éducation et une zone commerciale. Grâce à ce nouveau site culturel, le Caire espère relancer le tourisme national et dynamiser une économie en difficulté. Le GEM ambitionne d’accueillir jusqu’à 5 millions de visiteurs par an. Il pourrait ainsi jouer dans la cour des grands aux côtés d’institutions mondiales comme le Louvre à Paris (8,7 millions de visiteurs en 2024), le British Museum à Londres (6,5 millions) et le Metropolitan Museum of Art à New York (5,7 millions).
Le GEM réclame des pièces conservées dans les musées occidentaux
Notons que les autorités égyptiennes ont profité de l’inauguration du Grand Musée pour réclamer trois artefacts qui se trouve dans les collections européennes. Il s’agit de la fameuse pierre de Rosette, exposée au British Museum, du buste de Néfertiti, conservé au Neues Museum de Berlin, et du sublime zodiaque de Denderah gardé au Louvre. Les délégations française, allemande et britannique ont bien reçu des demandes de rétrocession de ces objets égyptiens, lors de la cérémonie d’inauguration du GEM. Mais il faudra attendre plusieurs années de procédures pour les voir revenir sur leur terre d’origine, si bien sûr les actuels propriétaires le consentent.





