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SIDA : le spectre d’une pandémie sans l’aide américaine

Depuis l’annonce par les États-Unis du gel du financement de nombreux programmes humanitaires, dont ceux concernant le VIH-SIDA, les experts et les ONG ne cessent de lancer des cris d’alarme. L’Onusida a prévenu lundi qu’il pourrait y avoir une recrudescence du virus, en Afrique en particulier. Elle appelle Donald Trump à revenir sur sa décision pour sauver des dizaines de milliers de vie.

En février, l’administration Trump a annoncé le gel d’une grande partie des financements américains pour l’humanitaire dans le monde. Cette décision a jeté dans le désarroi les organismes chargés de gérer ces aides, dont l’USAID par lequel transite plus de la moitié des aides américaines. Leurs inquiétudes sont d’autant fortes que le financement américain représentait 73% des dons au niveau international pour la lutte contre le SIDA notamment.

Il pourrait y avoir 6,3 millions de décès supplémentaires dus au SIDA

Lors d’une conférence de presse organisée à Genève, le lundi 24 mars, la cheffe de l’Onusida a agité le spectre du retour de la « pandémie de SIDA » si les États-Unis ne lèvent pas la suspension du soutien financier à l’humanitaire. Selon Winnie Byanyima, il y aura 6,3 millions de décès supplémentaires dus au SIDA, au cours des quatre prochaines années en cas de maintien du gel. C’est dix fois plus que le nombre de victimes en 2023. Les décès seront principalement enregistrés dans les pays à faibles revenus d’Afrique, mais aussi d’Europe de l’Est et d’Amérique latine.

Déjà un effondrement des systèmes de surveillance du SIDA dans 27 pays africains

« Nous verrons des gens mourir, comme nous l’avons vu dans les années 1990 et 2000. […] Nous allons assister à une véritable recrudescence de cette maladie », a insisté Winnie Byanyima. La directrice d’Onusida constate que les coupes budgétaires américaines provoquent déjà des pénuries de personnel et des perturbations dans les systèmes de diagnostic et de traitement, ainsi qu’un effondrement des systèmes de surveillance dans 27 pays africains. Certaines cliniques ont même dû fermer, notamment en Afrique du Sud.

Les États-Unis, un partenaire incroyable pour lutter contre le SIDA

Face à la catastrophe à venir, Winnie Byanyima appelle l’administration Trump à rétablir l’aide financière à l’étranger. Elle propose au président américain de « faire un deal » autour de la prévention de la maladie qui rapporte bien plus qu’elle ne coûte. Avec un pincement au cœur, la dirigeante a expliqué que « les États-Unis ont été un partenaire incroyable » pour son organisme – financé à 50% par Washington – et qu’ils ont travaillé main dans la main dans le cadre du programme Pepfar. Lancé par l’ex-président George W. Bush pour lutter contre le SIDA, cette initiative est aujourd’hui affectée par les coupes budgétaires de M. Trump.

La suspension des aides touche aussi la recherche scientifique et médicale

Confiante que Pepfar reviendra, Winnie Byanyima recommande une étroite collaboration entre Onusida, gouvernements et société civile pour accompagner de véritables transitions vers l’autofinancement. Selon elle, c’est une étape importante pour garantir une réponse durable à long terme, après la suspension soudaine des financements. Cet arrêt brutal du soutien financier touche aussi les instituts de recherche et les universités, qui travaillent pourtant à trouver de nouveaux traitements préventifs comme le PrEP et l’antiretroviral Lénacapavir.

Il faudra mettre aussi les dirigeants africains devant leurs responsabilités

Le gel partiel des financements américains doit durer 90 jours, jusqu’à fin avril, pour une nouvelle décision. En attendant un geste salutaire de Donald Trump, les ONG et les organismes humanitaires se tournent vers l’Europe, qui assure l’autre partie du soutien financier. Mais aucun pays de l’Union européenne n’a encore pris l’engagement de combler le possible retrait américain. Il urge donc de mettre en place un autofinancement pérenne afin d’éviter les décisions unilatérales de gouvernement. Il faudra peut-être aussi mettre devant leurs responsabilités les dirigeants des pays secourus, notamment ceux d’Afrique…

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