Le roi du Maroc Mohammed VI a appelé la population à renoncer aux sacrifices de moutons lors de la prochaine fête de l’Aïd al-Adha en juin. En cause, des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel. Mais cette mesure divise les citoyens marocains.
Le roi du Maroc, Mohammed VI – qui a le statut de « commandeur des croyants » musulmans dans son pays – a appelé la population à ne pas sacrifier de mouton cette année lors de la fête de l’Aïd, qui aura lieu au début du mois de juin. C’est le ministre des Affaires religieuses qui a relayé cet appel dans un discours lu au cours du journal de 20 h 30, le mercredi 26 février.
L’Aïd al-Adha, une fête essentielle dans le monde musulman
L’Aïd al-Adha, également appelée Aïd el-Kébir, est une fête très populaire dans le monde arabe et musulman. Célébrée chaque année, elle commémore la mémoire du prophète Abraham. L’Aïd al-Adha a lieu environ 70 jours après l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan, qui vient de démarrer et prendra fin le 30 mars. Lors de cette fête, il est de coutume de sacrifier un mouton pour servir de repas. Mais il faudra s’en passer cette année, comme le veut le souverain.
L’Aïd al-Adha annulée à cause des défis climatiques et de la réduction du cheptel
Dans son communiqué lu à la télé, le ministre des Affaires religieuses explique la décision de Mohammed VI par le fait que le « pays affronte des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel ». En effet, le Maroc fait face à sa septième année consécutive de sécheresse, qui a entraîné une diminution du bétail de 38 % sur un an.
Le kilo de viande de mouton se vend autour de 11 ou 12 euros à Casablanca
Selon le ministère de l’Agriculture, le déficit pluviométrique est de 53 % par rapport à la moyenne des 30 dernières années. Il s’agit de la pire sécheresse du pays depuis le début des années 1980, précise les autorités. Cette situation provoque la réduction du cheptel et la hausse des prix. Actuellement, le kilo de viande de mouton se vend autour de 11 ou 12 euros à Casablanca. Le mouton coûte environ 500 euros. C’est un budget énorme pour les habitants, dans un pays où le salaire mensuel minimum est d’environ 290 euros.
Une décision judicieuse pour éviter l’avidité des shenaga et des courtiers
Selon le roi, l’accomplissement du rituel « dans ces conditions difficiles est susceptible de porter préjudice » à une grande partie des citoyens marocains, « particulièrement ceux à revenu limité ». Certains Marocains adhérent aux propos de Mohammed VI. Sur la plateforme X, un internaute estime que cette mesure est judicieuse car elle évitera au peuple « l’avidité des shenaga ou des courtiers. ». Un autre utilisateur a ajouté que les prix cette année auraient augmenté de manière significative sans cette décision et que l’appel du monarque conduira à « stabiliser les prix du bétail et de la viande au Maroc ».
L’Aïd al-Adha n’est pas l’un des cinq piliers de l’islam
Mais d’autres pensent que Mohammed VI n’a pas le droit de supprimer un rituel aussi sacré. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’une telle décision est prise dans le royaume chérifien. En effet, Hassan II, le père de l’actuel roi, avait également interdit les sacrifices de moutons en 1996 pour la même raison. A ceux qui se plaignent de la suppression du sacrifice cette année, Mohammed VI répond que la fête du sacrifice n’est pas l’un des cinq piliers de l’islam mais « une sounna », c’est-à-dire un ensemble de normes et traditions reconnues.