Culture

Musique : la Rumba congolaise bientôt inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco ?

Musique : la Rumba congolaise bientôt inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco ?

 

Près d’un an après avoir soumis son dossier, la Rumba congolaise attend de savoir si elle va entrer au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. L’organisation mondiale devrait prendre sa décision en décembre prochain à Colombo, au Sri Lanka. Pour donner toutes ses chances à cette candidature, les actions de lobbying se multiplient de part et d’autres du fleuve Congo.

La pandémie a retardé la réponse de l’Unesco

Parmi les 429 éléments inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, l’Afrique centrale en compte seulement deux. À savoir, la musique polyphonique des Pygmées Aka de la République centrafricaine et le Tambour du Burundi. L’Afrique centrale compte y ajouter un troisième, la Rumba congolaise. Ce style musical issu de la rumba cubaine des années 1930 passe aujourd’hui pour l’identité musicale de la République démocratique du Congo (Congo-Kinshasa) et de la République du Congo (Congo-Brazzaville). Le dossier a été déposé l’année dernière auprès de l’Unesco et les deux pays auraient dû être fixés en décembre 2020. Mais la pandémie du Covid-19 l’a mis en suspens. L’Unesco va examiner la question du 13 au 18 décembre à Colombo au Sri Lanka. Pour rappel, la version cubaine de la rumba est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2016.

Pour donner toutes ses changes à la Rumba congolaise, les deux Congo ont lancé des actions de lobbying depuis plusieurs semaines. Kinshasa a initié une campagne officielle de promotion en août dernier sur divers canaux (médias et réseaux sociaux), mais également dans les écoles, les universités, les ambassades et les ministères. Il finance aussi des émissions radiotélévisées pour faire connaître à la population l’histoire de la rumba. Une musique qui serait partie de la danse du nombril pour devenir une identité commune aux Afro-descendants, particulièrement à Cuba.

Un comité scientifique pour appuyer la candidature

En outre, les deux Congo ont mis sur pied un Comité conjoint de rédaction de la candidature avec l’appui technique du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique centrale. Les membres de ce comité étaient en conférence-débat ce mardi 5 octobre. À cette occasion, ils ont organisé une exposition sur la Rumba. « Nous pensons que la rumba, avec ce dossier en béton que nous avons présenté, les gens de l’Unesco ne passeront pas à côté de la plaque », s’est voulu optimiste Charles Bouetoum, ancien universitaire et membre du comité. Il pense que la Rumba congolaise deviendra « le patrimoine de l’humanité parce que beaucoup de gens, beaucoup de pays, jusqu’au Japon, se sont reconnus dans cette musique. Ils  l’aiment et la pratiquent ».

« Vous avez (dedans), les traditions du bassin du Congo, les traditions amenées par les Africains de l’ouest, la tradition culturelle de l’Occident. La rumba est à la croisée de plusieurs sources qui lui ont donné une originalité », précise pour sa part le professeur Joachim Emmanuel Goma Théthet, président du comité. Le plaidoyer pour l’introduction de la Rumba au patrimoine Immatériel de l’Humanité bénéficie aussi du soutien de toute l’Afrique de l’Est. Tout le monde souhaite que les deux Congo deviennent une « destination rumba », à l’image de la Jamaïque pour le reggae et de Cuba pour la salsa.

Une musique qui a produit des icônes africaines de la chanson

Genre intemporel dansé par toutes les générations depuis 1940, la rumba est un métissage de musiques. Au fil des ans, elle a réussi à se forger une identité par ses pas, ses orchestrations et ses thématiques propres aux peuples du bassin du Congo. Le Lingala, langue nationale des deux pays, a été le principal vecteur de diffusion. Ces dernières années, la Rumba a fait l’objet de nombreuses rencontres et recherches documentaires dans le but de la promouvoir dans le monde entier. En plus de soixante ans d’existence, cette musique a produit des icônes de la chanson africaine comme Franco, Tabu Ley Rochereau, Papa Wemba, Koffi Olomidé et Fally Ipupa. Son influence se ressent dans des genres tels que le Coupé Décalé ivoirien, l’afrobeat nigérian, le zouk des Caraïbes, le compas haïtien ou encore le calypso, une musique originaire de Trinité-et-Tobago.

Que gagneront la RDC et le Congo Brazza ?

Si elle était inscrite au patrimoine Immatériel de l’Humanité, la Rumba congolaise gagnera en visibilité sur le plan international. Elle va également se professionnaliser et acquérir de nouveaux adeptes à travers le monde. En outre, les deux Congo profiteront de retombées économiques conséquentes. En effet, ils deviendront une destination touristique et culturelle privilégiée. Ce qui poussera les gouvernements de ces deux Etats à investir davantage dans le secteur culturel. Par ailleurs, ils pourront renforcer la protection intellectuelle des œuvres pour permettre aux artistes de mieux vivre de leur art.

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