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Pourquoi le crâne d’un chef tanzanien est-il mentionné dans le traité de Versailles ?

Le Traité de Versailles, signé il y a exactement un siècle, a remodelé l’Europe à la suite de la Première Guerre mondiale. Alors pourquoi, dans ses centaines de clauses, le traité fait-il référence à la tête décapitée d’un héros africain anticolonial ?

Le crâne du chef Mkwawa repose maintenant sur un socle, protégé par une boîte en verre, dans un minuscule musée situé dans une petite ville du centre de la Tanzanie. Mais comme un trophée, il a autrefois orné la maison d’un fonctionnaire colonial dans le centre administratif allemand à Bagamoyo, avant d’être envoyé en Allemagne au début du XXe siècle.

Quelle était l’utilité du crâne ?

Le crâne était utilisé comme un symbole pour intimider le peuple Wahehe, que le chef avait dirigé lors d’une violente rébellion contre les colonisateurs allemands. Sa campagne dans les années 1890 fut un tel succès que les Allemands lui accordèrent une prime. On pense qu’il a fini par se suicider en 1898, plutôt que de subir l’humiliation d’avoir été capturé, alors qu’il s’abritait dans une grotte encerclée par des soldats allemands.

Ci-dessous une vidéo en anglais relatant ces faits :

Deux décennies plus tard, le sort de son crâne était dans l’esprit des diplomates qui passèrent des mois à se disputer à propos du règlement de la Première Guerre mondiale.

Des négociations chaotiques

Des centaines de diplomates du monde entier, installés dans la capitale française, Paris, ont rédigé et reformulé les articles. La nature chaotique du processus a peut-être permis au destin du crâne du chef Mkwawa de se glisser dans le texte – en grande partie grâce aux efforts de Horace Byatt, administrateur colonial britannique en Afrique de l’Est.

L’historien Jeremiah Garsha a trouvé une lettre envoyée par Byatt trois jours seulement après la fin de la guerre en novembre 1918, dans laquelle il faisait pression pour que le crâne soit renvoyé d’Allemagne, affirmant que cela donnerait une satisfaction au peuple Wahehe, en offrant des preuves tangibles dans les faits.

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