Société

Mauritanie : une page est-elle en train de se tourner avec le président Ghazouani ?

Depuis son élection en juin 2019, le président Mohamed Ould Ghazouani a engagé des consultations avec les différents partis politiques du pays. Il a également procédé à la libération d’un activiste et s’apprêterait à gracier de nombreux hommes politiques aujourd’hui en exil. Peut-on pour autant croire qu’une page est en train de se tourner avec lui en Mauritanie ?  

Elu le 23 juin 2019, puis investi le 1er août dernier, le président Mohamed Ould Ghazouani semble avoir amorcé une transition démocratique en Mauritanie, après 11 ans d’autocratie de Mohamed ould Abdel Aziz. Depuis son élection, les gestes d’apaisement se sont multipliés à l’endroit de l’opposition et le meilleur serait à venir.

Ghazouani reçoit à tour de rôle les opposants

Dès septembre, le président Mohamed Ould Ghazouani a engagé des consultations avec les partis politiques de la majorité et de l’opposition. Une façon pour lui de tourner la page après la contestation par l’opposition des résultats de l’élection présidentielle. Il a ainsi reçu Sidi Mohamed Ould Boubacar et Biram Dah Abeid, arrivés respectivement troisième et deuxième au scrutin de juin dernier. Se prononçant sur RFI à propos de cette rencontre, Biram Dah Abeid s’était dit surpris par l’ouverture de Mohamed Ould Ghazouani. « Bien que je ne suis pas parmi ceux qui ont parié sur une scission nette entre l’actuel président et son prédécesseur, je considère quand même que, dans la démarche personnelle du président Ghazouani, il y a du nouveau au sommet de l’État. J’ai discuté pendant plusieurs heures avec monsieur Ghazouani et j’ai constaté beaucoup d’ouverture, de pondération et de modération », avait soufflé le parlementaire et leader du mouvement abolitionniste IRA.

Les leaders de l’opposition ont tous souhaité l’amnistie des hommes politiques et des militants emprisonnés ou en exil depuis plusieurs années. Biram Dah Abeid a demandé au chef de l’Etat mauritanien de « lever les interdictions prononcées contre des associations caritatives comme Al Islah et Main dans la Main. Mais aussi, abandonner des poursuites judiciaires à caractère politique contre des opposants. Les sénateurs, les journalistes, les syndicalistes… Surtout les hommes d’affaires qui sont sous le coup de mandats d’arrêt, comme messieurs Mohamed Ould Debagh, Moustapha Limam Chavi, Mohamed Ould Bouamatou… ».

Vers une fin d’exil pour de nombreux hommes politiques

Le président Ghazouani aurait décidé d’annuler les poursuites judiciaires contre les exilés, selon des sources très crédibles. Cette grâce présidentielle devrait être officiellement annoncée avant les célébrations de la fête de l’indépendance, le 28 novembre prochain. Déjà le lundi 29 juillet, il a ordonné la libération de Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir, un blogueur emprisonné depuis 5 ans.

Si ce début d’ouverture est déjà prometteur, les ONG et associations de défense des droits de l’Homme demandent au président Ghazouani de faire mieux et vite car le chantier de la liberté et de la démocratie est colossal en Mauritanie. Il y a notamment la question de l’esclavage, encore fortement enraciné dans la société mauritanienne.  

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