Société

Côte d’Ivoire : Emmanuel Dupuy a-t-il raté une occasion de se taire ?

Dans sa livraison du 8 novembre dernier, Africapresse donne à Emmanuel DUPUY l’opportunité de poser la question : « Comment se fait-il que ni la France, ni l’UE, ni l’UA, ni la CÉDÉAO ne s‘offusquent de l’embastillement des opposants aux sortants en Guinée et en Côte d’Ivoire ? »

 
L’occasion de lui répondre clairement, ainsi qu’à ceux qui agitent cette question dernièrement, pour beaucoup des caciques du PDCI et du FPI issus de la diaspora parisienne, ainsi que des communicants de Guillaume SORO.
 
1/ l’auteur mélange allègrement deux cas de figure qui sont pourtant fort différents (la Guinée et la Côte d’Ivoire). Cette confusion inaugurale ôte presque tout le crédit à l’argumentaire qui suit.
 
2/l’article fait mine d’oublier un élément qui répond d’avance à sa question : la communauté internationale (donc la France, l’UE, l’UA et la CÉDÉAO, mais aussi le système des Nations-Unies) avait validé la candidature d’Alassane OUATTARA au moment où il l’a annoncée, parce qu’elle n’était pas inconstitutionnelle à ses yeux.
 
D’ailleurs, il n’existe pas à notre connaissance de trace de condamnation par la communauté internationale de telles candidatures à un « 3ème mandat » lorsque celles-ci ont suivi un changement de Constitution. Qu’on le veuille ou non, une nouvelle Constitution remet bel et bien « les compteurs à zéro ». Lorsque le sortant use de cette procédure, il commet tout au plus – comme l’avait fort justement déclaré Simone GBABGO – une atteinte à l’esprit de la Constitution, mais pas à la lettre.
 
En outre, on cherche vainement un argumentaire émanant d’un constitutionnaliste de renom qui pointerait la faille dans cette démarche. On a pendant un temps invoqué l’article 83 de la Constitution ivoirienne qui aurait soumis le président sortant aux textes qui prévalaient antérieurement, puis on a renoncé car ceux-ci auraient également écarté Henri Konan BÉDIÉ pour des raisons d’âge.
 
3/ au-delà des termes employés pour la Côte d’Ivoire (« embastillement ») dont chacun vivant sur place sait qu’ils sont excessifs, il y a une grosse erreur d’analyse dans cet article. C’est ainsi que l’auteur oublie de dire que les opposants se sont mis hors-la-loi en décrétant un Conseil national de Transition (CNT), c’est-à-dire une sorte de Comité de Salut public qui s’inscrit en rupture totale de l’ordre constitutionnel. Et en appelant au soulèvement de l’armée contre le régime en place, Guillaume SORO a aggravé le cas de ses alliés de l’opposition, même si ceux-ci n’ont pas forcément endossé cet appel à la sédition militaire.
 
Il est pour le moins étrange que l’auteur de cet article, dont on sait qu’il représente (aussi) les intérêts économiques des grands groupes français, ne se soit pas posé la question suivante : « Qu’auraient fait BÉDIÉ et AFFI s’ils avaient été au pouvoir et que les partisans de OUATTARA avaient décidé de se mettre en marge de la légalité républicaine ? ».
 
Et pourquoi Emmanuel DUPUY n’a-t-il pas posé la question directement aux chancelleries concernées, notamment aux diplomates français et européens qui se sont rendus, dès l’annonce de la création de ce CNT, au domicile d’Henri Konan BÉDIÉ pour lui demander s’il avait bien compris le sens de son appel ?
 

En fait, l’opinion publique internationale a une perception de la Côte d’Ivoire dessinée par les images qu’elle reçoit : elle en retient l’interpellation de quelques leaders de l’opposition, mais elle n’a pas entendu qu’ils étaient effectivement passibles des tribunaux. Sinon, elle comprendrait parfaitement que les institutions de Côte d’Ivoire font simplement respecter les lois.

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