Le Gabon a été disqualifié des qualifications au Mondial 2022. Un échec qui témoigne d’une gestion du football national mêlant clientélisme, politique et règlement de comptes.
Le Gabon ne sera pas du Mondial 2022. Le sort de l’équipe entraînée par le Français Patrice Neveu était même scellé avant l’ultime rencontre des éliminatoires, le 12 novembre, face à la modeste Libye (1-0). Tant les Panthères ont fait piètre figure tout au long de cette campagne. Ils terminent au final deuxième de leur groupe avec sept points, soit autant de moins que le leader égyptien.
Ce résultat n’est pas vraiment surprenant. Mais cela tient moins du pedigree des Pharaons que des problèmes inhérents au football gabonais. La sélection est si parasitée qu’il aurait fallu aux Panthères un miracle pour se hisser parmi les candidats aux barrages du Mondial qatari.
Foot local à l’arrêt
Cela fait en effet deux ans que le football n’a plus droit cité dans les villes gabonaises. En cause, un championnat national à l’arrêt sur fond de bisbilles à la fédération. Conséquence : plusieurs centaines de joueurs locaux déjà précarisés sont depuis sans moyen de subsistance. Les plus entreprenants s’en sont carrément remis à un autre métier dans ce pays à l’économie chancelante malgré la richesse de son territoire et une population relativement peu nombreuse.
Pour tenter de mettre fin à cette situation peu honorable pour un des hôtes de la Coupe d’Afrique 2012, l’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon (ANFPG) chapeautée par l’ancien international Stéphane Nguéma, a tenté de se mobiliser à la veille de la rencontre Gabon – Libye à Franceville. En vain. En lieu et place d’une sensibilisation à l’endroit des acteurs de l’équipe nationale, ceux évoluant hors du pays notamment, le cortège de l’ANFPG s’est retrouvé au gnouf pendant près de 24 heures, sous de prétextes fallacieux, selon le témoignage de Stéphane Nguéma recueilli par Le Temps Afrique.
Tout pour la sélection nationale
Mais ceux qui suivent le football gabonais de près ne sont guère étonnés par cet épisode illustratif de la gestion kafkaïenne des autorités. À l’image du journaliste sénégalais Mansour Loum qui, toujours auprès du Temps Afrique, pointe du doigt une gestion télécommandée depuis la présidence de la République au mépris des prescriptions de la Fifa en la matière.
C’est en effet depuis le Palais du bord de mer que l’équipe nationale est gérée. Ses primes y sont notamment définies avec un double standard selon que le joueur soit binational ou pas, affirme Mansour, qui estime que le foot gabonais n’est pas près de sortir de l’ornière dans ces conditions.