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Les zombis, une histoire haïtienne au musée du Quai Branly

Fable ou réalité ? Jusqu’au 16 février 2025, le musée du Quai Branly-Jacques Chirac invite à une plongée dans l’histoire des zombis, ces morts-vivants qui auraient existé à Haïti dans les siècles passés. Cette exposition savante vous emmènera aussi à la rencontre de la culture Vaudou à laquelle ils sont liés.

A l’approche d’Halloween, le Quai Branly-Jacques Chirac, à Paris, propose du 8 octobre 2024 au 16 février 2025 l’exposition « Zombis : la mort n’est pas une fin ? ». Cette exposition invite à un retour aux origines d’un mythe popularisé par le cinéma, en particulier américain.

Les zombis étaient des criminels récidivistes

Philippe Charlier, commissaire de l’exposition et directeur du LAAB (Laboratoire anthropologie, archéologie, biologie) à l’université Paris-Saclay, prévient qu’« il va falloir oublier tout ce que vous croyez savoir sur les zombis ». C’est-à-dire l’image trop souvent véhiculé, par la télévision, du vilain mangeur de cervelle et chasseur d’humains. Le vrai zombi, l’authentique évoqué par des récits venus d’Haïti, n’a rien à voir avec tout ça.

Haïti, cette petite république des Caraïbes, aurait été le théâtre, pendant la colonisation, d’une pratique aujourd’hui appelée « zombification ». Cette transformation était la punition ultime infligée aux criminels récidivistes (tueurs, voleurs ou violeurs). Tout commençait par un procès pas comme les autres. En effet, à la place des cours traditionnelles, des tribunaux mystiques de sociétés de l’ombre se chargeaient de juger les coupables d’un crime ou d’un délit.

Ces morts-vivants travaillaient pour leurs maîtres bokors

Si ces délinquants étaient reconnus coupables, des sorciers appelés « bokors » les droguaient avec de puissants poisons d’origine naturelle pour les plonger dans un état de mort apparente. Ils les enterraient ensuite vivants et conscients dans un cimetière, avant de les sortir la nuit suivante pour exécuter des rituels sur eux et les amener de l’autre côté de l’île. Là-bas, les condamnés devenaient esclaves d’un maître, qui pouvait les employer dans son champ comme esclaves.

Le maître, lui-même bokor, possédait un antidote pour ranimer le zombi, même si le poison avait un effet limité dans le temps. Ainsi, les morts-vivants pouvaient revenir à eux et prendre la fuite pour vivre une nouvelle vie ailleurs. Plusieurs histoires ont été racontées à cet effet, dont celle de Felicia Felix Mentor morte et enterrée officiellement en 1907, mais qui aurait réapparu trente ans plus tard, marchant nue dans la vallée de l’Artibonite.

Plusieurs témoignages de zombis qui ont retrouvé leurs esprits

Il y a aussi l’histoire de Clairvius Narcisse, déclaré mort en 1962 et qui a refait surface en 1980. Cet homme aurait dit à sa sœur qu’il avait été transformé en zombie parce qu’il a vendu un terrain qui ne lui appartenait pas. Selon certaines sources, il a également déclaré avoir été drogué et n’avoir retrouvé ses esprits que parce qu’un gardien a oublié de lui injecter sa dose de drogue quotidienne…

Si l’on ne peut établir la véracité de ces faits, on sait en revanche qu’ils sont liés au Vaudou. Cette religion syncrétique mélange les cultes d’esclaves venus d’Afrique subsaharienne, principalement du Benin, et les croyances du catholicisme imposé par le colonisateur. Depuis plusieurs décennies, la figure du zombi imprègne la littérature occidentale ainsi que le cinéma hollywoodien qui en fait un être horrible aux côtés du vampire et du fantôme.

Une expo pour comprendre la figure des zombis et les croyances du vaudou haïtien

Au-delà de l’imaginaire collectif, l’exposition du musée du Quai Branly-Jacques Chirac s’interroge sur la notion de zombi, qui côtoie vraisemblablement la frontière entre le savoir et la fiction. Dans une première partie, elle invite le public à découvrir les croyances et les rites du Vaudou haïtien, auquel est étroitement liée la figure du zombi. Pour illustrer ces rites, le musée a mis en scène un rituel de zombification. Celui-ci comprend la reconstitution d’un temple et d’un cimetière vaudou, des poupées fétiches et des guerriers Bizango, une société vaudou secrète.

Le musée présente ensuite plusieurs pièces historiques et anthropologiques mettant en exergue les racines du Vaudou, les influences chrétiennes, africaines et américaines qu’elle a subies. Grâce à cette exposition, le Quai Branly-Jacques Chirac veut montrer clairement ce qu’est un zombi haïtien et le resituer dans l’Histoire. Tout le monde pourra ainsi comprendre de quoi il retourne réellement.

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