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Expulsions de migrants : Washington demande au pape de se mêler de ses affaires

Expulsions de migrants : Washington demande au pape de se mêler de ses affaires

Dans une lettre adressée aux évêques américains, le pape François a critiqué les expulsions de migrants aux États-Unis. Selon lui, une telle politique est « mal et finira mal ». L’administration Trump a immédiatement réagi, demandant au souverain pontife de se concentrer sur son Vatican entouré de murs.

Dans une lettre adressée aux évêques américains, rendu public le mardi 11 février, le pape François a dénoncé les expulsions massives de migrants, en cours aux États-Unis. Il a reconnu que les nations ont le droit de se protéger, mais qu’une telle déportation « porte atteinte à la dignité de nombreux hommes et femmes, et de familles entières, qui ont quitté leur terre pour des raisons de pauvreté extrême, d’insécurité, d’exploitation, de persécution (…) ».

Déportation de personnes sans défense et vulnérables

Ces expulsions, ajoute l’ecclésiastique argentin, « les place dans un état de vulnérabilité particulière et sans défense ». Le chef de l’Église dit également percevoir dans le plan anti-immigration des États-Unis « un critère idéologique qui déforme la vie sociale ». D’après lui, « un authentique État de droit se vérifie précisément dans le traitement digne que méritent toutes les personnes, en particulier les plus pauvres et les plus marginalisées ».

« Tout ce qui commence mal, finira mal »

Le pape François estime en outre que « la conscience bien formée ne peut manquer de porter un jugement critique et d’exprimer son désaccord avec toute mesure qui identifie tacitement ou explicitement le statut illégal de certains migrants à la criminalité ». Enfin, comme un avertissement, il affirme que « ce qui est construit sur la base de la force, et non sur la vérité de la dignité égale de chaque être humain, commence mal et finira mal ».

Le « Tsar des frontières » défend les expulsions de migrants

Cette critique a évidemment piqué au vif à la Maison blanche. Seulement trois heures après sa missive, le pape François a eu sa réponse. Et elle est signée du « Tsar des frontières « ! « Je voudrais qu’il se concentre sur l’Église catholique et nous laisse nous occuper des frontières des États-Unis », a réagi Tom Homan, directeur de l’agence américaine responsable du contrôle des frontières et de l’immigration.

Un mur autour du Vatican, le pape est hypocrite

Le shérif de Donald Trump dit ne pas comprendre que le Saint-Père les attaque alors qu’ils ne font qu’assurer la sécurité de leur pays, face aux criminels qui y entrent illégalement. Il trouve cela hypocrite, quand Jorge Mario Bergoglio a « un mur autour du Vatican ». Il ajoute « Nous ne pouvons pas avoir un mur autour des États-Unis. ». Mais le locataire actuel de la Maison blanche en a construit un à la frontière du Mexique. S’il en avait les moyens, il clôturerait certainement tout le pays pour éviter les migrants qu’il accuse de tous les maux aux Etats-Unis : crimes, trafic de drogue, viols, cambriolages, disparition de chats domestiques…

Des théories religieuses pour justifier les expulsions de migrants

Les propos de Tom Homan fait échos à ceux du vice-président américain J.D. Vance, qui a déjà accusé les évêques américains d’être cupides et de prendre l’argent du gouvernement. Ce converti au catholicisme en 2019 a d’ailleurs une lecture chrétienne particulière de la situation. Il s’est notamment appuyé sur des théories religieuses pour justifier les expulsions massives. En particulier sur le concept médiéval de l’ordo amoris, l’ordre des amours.

Les fidèles Américains plutôt d’accord avec la politique de Trump

« Vous aimez votre famille, puis vous aimez votre voisin, puis vous aimez votre communauté, puis vous aimez vos concitoyens dans votre propre pays, et après cela, vous pouvez vous concentrer sur le reste du monde », déclarait J.D. Vance, voyant dans cet ordre de la charité un « concept très chrétien ». Comme le vice-président des États-Unis, beaucoup de fidèles Américains, plutôt conservateurs, sont en désaccord avec le pape et les évêques. Ils estiment que ces derniers n’ont pas compris la politique migratoire de Trump et ses enjeux. Ils précisent qu’il s’agit simplement d’expulser les criminels.

Le pape François critique sans cesse les expulsions de migrants

Si Donald Trump ne s’est pas encore publiquement attaqué au pape François, celui-ci a déjà décoché quelques flèches en direction de la Maison blanche. Ainsi, le 19 janvier, à la veille de l’investiture du président américain, le chef de l’Église avait qualifié de « calamité » son plan d’expulsion de dizaines de milliers de migrants. Dans un courrier daté du lundi 10 février, il condamnait aussi la politique d’expulsions massives de migrants du dirigeant républicain, la qualifiant de « crise majeure » qui « porte atteinte à leur dignité ». En 2016 déjà, lors du premier mandat de Trump, il avait estimé que ce dernier n’était « pas chrétien » avec le mur qu’il prévoyait d’ériger à la frontière mexicaine.

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