Société

Présidentielle malienne : trois hommes pour un fauteuil

L’élection présidentielle malienne, dont le premier tour se tiendra dimanche, s’annonce particulièrement indécise avec trois candidats favoris pour accéder au second tour. Difficile de prédire qui finira en tête et qui ne se qualifiera pas entre le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, l’ancien président de l’Assemblée Soumaïla Cissé et Aliou Diallo, un entrepreneur soutenu par une vaste coalition de la société civile.

La tension monte à Bamako à cinq jours d’un scrutin historique qui doit aider le pays à panser ses plaies et à commencer à tourner la page de la violence et de la lutte armée. Après une campagne âpre, et faute de sondages fiables, les candidats attendent avec inquiétude le résultat des urnes. Chacun des trois principaux candidats a des raisons d’y croire… et au moins autant de demeurer prudent.

IBK sort certes affaibli d’un mandat jugé unanimement comme décevant, et où son attentisme face à la crise sécuritaire comme sur les enjeux socio-économiques, a été vivement critiqué au Mali et à l’international, mais il ne faut jamais sous-estimer le poids que confère à une campagne le soutien de l’appareil d’Etat. IBK ne s’en est pas privé et garde donc un certain nombre de cartes en mains. Du moins pour le premier tour.

Soumaïla Cissé n’a pas à défendre un bilan et bénéficie des faveurs de la presse internationale. Des atouts de poids que contrebalance le fait qu’il ait été de quasiment tous les régimes (comme ministre ou président de l’Assemblée) depuis le début des années 1990. Pas vraiment la figure idéale du renouvellement auxquels aspirent de nombreux Maliens.

Le renouvellement. C’est justement le point fort du troisième favori du scrutin, Aliou Diallo, un entrepreneur de 58 ans qui se présente pour la première fois au scrutin présidentiel et qui propose un programme de rupture axé sur un plan de relance économique massif. Point faible de sa candidature, il est moins connu des Maliens que les deux autres principaux candidats.

In fine, l’élection se jouera sur des questions arithmétiques dont les grandes lignes sont d’ores et déjà connues des états-majors des candidats. Chacun des trois principaux candidats disposent de forts ancrages locaux où ils devront faire le plein pour espérer atteindre le second tour. Qui ? Dans quel ordre ? Tout dépendra de la mobilisation.

IBK va se focaliser sur son fief de la région de Ségou, mais aussi une partie de Koutiala et peut-être aussi dans quelques localités du nord, notamment à Gao. Soumaïla Cissé doit faire le plein à Tombouctou et réaliser un bon score à Bamako, tout en grappillant des voix à Kayes. Aliou Diallo doit également remporter la bataille de Bamako, mais il devrait surtout faire des gros scores dans sa région de Kayes, mais aussi dans le centre et le nord du pays.

Au final, tous les scénarii sont envisageables. Y compris un deuxième tour sans le président sortant, ce qui serait inédit dans l’histoire politique africaine, mais assez probable au regard de la popularité d’IBK. Car, pour ne rien arranger, et s’il devait passer l’obstacle du premier tour, les chances d’IBK lors du second tour sont extrêmement minces tant le rejet du gouvernement actuel est fort dans les électorats respectifs de Soumaïla Cissé et d’Aliou Diallo.

Au jeu des pronostics, il faut donc rester prudent. Le seul enseignement que l’on puisse déjà tirer est que la dynamique de fin de campagne semble favorable au candidat Diallo qui a vu ces derniers jours le très influent Chérif de Nioro, la principale autorité religieuse du pays, le soutenir activement. Est-ce que cela sera suffisant ? Réponse avec le scrutin de dimanche.

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