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Mali : « Il faut une nouvelle donne énergétique » (Aliou Diallo)

Face aux pénuries d’électricité récurrentes au Mali, Aliou Diallo appelle à adopter une nouvelle politique énergétique. Il fait plusieurs propositions pertinentes à l’Etat pour gagner la souveraineté énergétique, clé d’un développement durable.

Depuis de nombreuses semaines, le Mali subit une importante pénurie d’électricité. Les coupures durent parfois plusieurs heures. De quoi agacer la population, en particulier les acteurs économiques. Pour calmer les esprits, le gouvernement a promis de mettre rapidement fin au trafic du gasoil qui alimente les centrales thermiques du pays.

Il faut s’attaquer aux racines du mal

Mais cette mesure d’urgence ne résoudra pas le problème. C’est l’avis d’Aliou Diallo, président d’honneur du parti ADP-Maliba, l’un des poids lourds de la politique malienne. L’ex député de Kayes pense qu’il faut s’attaquer aux racines du mal au lieu de mettre des rustines à chaque fois que la situation empire. Il rappelle que « l’approvisionnement électrique du Mali est structurellement déficitaire depuis de très nombreuses années ».

Le Mali trop dépendant des énergies fossiles

Aliou Diallo relève les principaux problèmes. D’abord un manque d’entretien et de rénovation du réseau électrique. Celui-ci est devenu obsolète car construit peu de temps après la seconde guerre mondiale. Aussi, il est inadapté au Mali puisque conçu sur le modèle centralisé de la France, un pays plus petit et densément peuplé. En outre, le Mali est fortement dépendant des énergies fossiles, principalement du pétrole. Or le prix de ce carburant a flambé ces derniers mois, provoquant une hausse des coûts de production et donc du prix au Kwh.

L’Etat doit investir massivement

« La situation va continuer à se dégrader si nous ne prenons pas des décisions fortes et radicales », met en garde Aliou Diallo. Pour renverser la vapeur, le milliardaire malien invite l’Etat à investir massivement dans l’amélioration, la modernisation et l’entretien du réseau électrique. Bamako n’aurait qu’à mettre fin à la gabegie dans l’administration et à se montrer plus stratégique dans ses dépenses pour trouver les fonds nécessaires. Il pourrait également compter sur les partenaires internationaux, de plus en plus conscients des défis énergétiques mondiaux.

« Un plan Marshall » pour la souveraineté énergétique du Mali

Mais pour convaincre ces investisseurs, il faudra rapidement redevenir crédible. Cela passera par l’instauration de la bonne gouvernance. Avec son fameux plan Marshall, il compte donner à son pays son indépendance énergétique, mais aussi militaire, politique, économique, etc.

Le Mali a tous les atouts pour son mix énergétique

Au-delà, Aliou Diallo souhaite un profond changement. « Il faut une nouvelle donne énergétique », lance-t-il. Mais quelle est-elle ? L’homme d’affaires à succès recommande au pouvoir malien de promouvoir le mix énergétique en développant l’éolien et le solaire, en plus de l’hydroélectrique et du thermique. Selon lui, le Mali a tous les atouts pour devenir un grand producteur de ces énergies renouvelables. Il évoque les vastes étendues du pays pouvant accueillir de gigantesques fermes photovoltaïques, et le soleil qui brille toute l’année. Sans oublier le vent qui balaie le Sahel en permanence.

Aliou Diallo, pionnier de l’exploitation de l’hydrogène naturel

Par ailleurs, Aliou Diallo croit qu’il faut miser sur l’hydrogène vert et surtout l’hydrogène naturel qui serait très abondant dans la croûte terrestre du Mali. Aliou Diallo est d’ailleurs bien placé pour parler de cette énergie totalement propre. En effet, il a fondé la compagnie Hydroma Inc., pionnière mondiale de l’exploitation de l’hydrogène naturel. Cette entreprise avait produit de l’électricité verte dans le village de Bourakébougou pendant  plusieurs années.

« Ce n’est pas une utopie »

Grâce à ce projet, Aliou Diallo compte faire de son pays un leader mondial des énergies propres. Selon lui, le Mali peut produire plus d’énergie à moindre coût en misant à la fois sur l’hydraulique, le thermique et le renouvelable. « Ce n’est pas une utopie, c’est totalement réalisable », avance-t-il. Le philanthrope malien se dit prêt à faire tout son possible pour que cela se concrétise. Car « atteindre la souveraineté énergétique est vital pour assurer un développement durable à notre pays (…) et un meilleur avenir pour les générations futures », explique-t-il.

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