À l’occasion de l’édition 2021 du festival d’Annecy, le cinéma d’animation africain et ses productions ont été mis à l’honneur dans l’espoir de faire découvrir au public européen ce marché qui manque cruellement de soutien du côté financier comme du côté des spectateurs. Un cinéma de la débrouille qui intéresse néanmoins des géants comme Netflix ou Disney.
Le festival international du film d’animation d’Annecy fête cette année son soixantième anniversaire. Pour cette édition, le cinéma d’animation africain est mis sur le devant de la scène avec plus d’une vingtaine de projets présentés. Au-delà de cette vitrine permettant de faire découvrir son cinéma au grand public, le festival d’Annecy a aussi pour particularité de permettre à des cinéastes ambitieux mais ne disposant pas de fonds suffisants, de trouver un financement pour leur projet à l’occasion de « pitch » de présentation devant des investisseurs et de gros acteurs de l’industrie. C’est le cas par exemple du cinéaste nigérian Stanlee Ohikhuare qui a présenté, lundi 14 juin, son projet de long-métrage appelé « Artifacts ». Son confrère, Brian Olaolu Wilson lui aussi installé au Nigeria a également tenté sa chance en présentant sa série Animah’s Journey. Enfin, pour piquer la curiosité de son public, le festival d’Annecy a projeté Lady Buckit and the Motley Mopsters, d’Adebisi Adetayo qui témoigne du potentiel du « Nollywood » (surnom du cinéma africain) dans le cinéma d’animation.
Un secteur qui peine à prendre son envol, doté pourtant d’un potentiel recherché
En soixante ans d’existence du festival, seuls 46 films africains ont été sélectionnés. Un constat amer selon Laza Razanajatovo, directeur des Rencontres du film court de Madagascar : « Depuis quinze ans, on ne compte qu’un long-métrage par an. C’est une honte pour un continent de 1,3 milliard d’habitants ! ». Cela s’explique par le fait que le marché de l’animation africain est encore trop émergent, manquant de moyens pour briller. Cependant, les nations les plus en avances du continent comme le Nigéria ou encore l’Afrique du Sud sont aujourd’hui en proie à des négociations avec des géants américains.
En effet, la majorité des productions traversant les frontières sont très bien reçues par la critique. L’Afrique recèle des talents qui n’attendent qu’à être exploités pour faire émerger pour de bon ce secteur. Netflix et Disney l’ont bien compris et ont entamé des négociations auprès de ces jeunes studios d’animation pour des accords sur le long terme. Ces leaders de l’industrie sont sans conteste une solution possible face aux problèmes de financements qui empêchent ces studios de s’émanciper. Reste à voir ce que l’avenir leur réserve.