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L’Afrique du Sud en colère contre la taxe carbone européenne

Leader mondial en matière de lutte contre le changement climatique, l’Europe a mis en place des politiques ambitieuses pour réduire son empreinte carbone. Ces mesures ont toutefois suscité des tensions avec l’Afrique du Sud qui s’est récemment opposée à la taxe carbone européenne, affirmant qu’elle porte préjudice à son économie en développement. 

La taxe carbone européenne (TCE) : de quoi parle-t-on? 

L’Union européenne a adopté une approche proactive dans la lutte contre le changement climatique, avec l’objectif ambitieux d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Dans cette optique, elle a décidé de mettre en œuvre une taxe sur les importations en provenance des secteurs où les normes environnementales sont considérées comme insuffisantes, tels que l’aluminium, le fer et l’acier, le ciment, l’électricité ou encore les engrais

Les importateurs devront déclarer la teneur en « carbone » de leurs marchandises et acheter des « certificats » pour se conformer aux règles qui s’appliquent aux entreprises de production européennes afin de les inciter à réduire les émissions de dioxyde de carbone. Les premiers versements ne verront le jour qu’à partir de 2026. 

L’Afrique du Sud s’est farouchement opposée à la taxe carbone européenne, affirmant qu’elle porterait préjudice à son économie en développement. En tant que l’un des principaux partenaires commerciaux de l’UE en Afrique, l’Afrique du Sud craint que cette mesure n’affecte négativement ses industries exportatrices, en particulier celles liées aux matières premières et à l’industrie minière. Le gouvernement évaluerait des pertes potentielles à 1,5 milliard de dollars par an.   

« Ce mécanisme d’ajustement carbone aux frontières transfère le coût du changement climatique sur les économies en développement et fait porter un fardeau injuste sur nos pays et nos industries », a déclaré le ministère sud-africain du commerce, de l’industrie et de la concurrence dans un courrier adressé à la Commission européenne.

Un sujet de discorde 

Le différend autour de la taxe carbone européenne a soulevé des tensions entre l’UE et l’Afrique du Sud, mettant à l’épreuve leurs relations commerciales et climatiques. Alors que l’UE cherche à faire pression sur ses partenaires commerciaux pour adopter des politiques plus respectueuses du climat, l’Afrique du Sud estime qu’elle devrait être soutenue dans ses efforts de développement durable plutôt que pénalisée. 

« Plutôt que de nous encourager à adopter des politiques climatiques plus ambitieuses, [cette décision européenne] risque de compromettre notre capacité à atteindre nos objectifs climatiques. Elle va accroître la pauvreté et le chômage. » estime le ministère du commerce.

La Fondation africaine pour le climat et la London School of Economics ont montré dans une évaluation commune publiée en juin que les conséquences seront logiquement plus importantes sur les économies africaines que « sur toutes les autres régions » car « l’UE est un débouché particulièrement important pour le continent, représentant 26 % des exportations d’engrais, 16 % de fer et d’acier, 12 % d’aluminium, 12 % de ciment », décrivent les experts.

Pourtant, l’année dernière, l’Afrique du Sud a été l’un des premiers États à avoir signé un accord de 8,5 milliards de dollars avec certains membres de l’UE dont la France et l’Allemagne ainsi que les Etats-Unis pour la transition énergétique. Mais cet accord ne semble pas avoir éteint le débat. Au contraire, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, appelle à plus d’efforts et à plus de solidarité internationale pour décarboner le pays tout en conservant sa dynamique industrielle. 

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